Des soldats exposés à la surveillance algorithmique
La directive ministérielle est limpide : les visages des soldats doivent être dissimulés, non pour des raisons sanitaires ou esthétiques, mais pour limiter les risques d’identification automatique. « Il y a beaucoup d’intelligence artificielle, beaucoup de super computing », déclarait Theo Francken, ministre belge de la Défense, dans une interview à RTL Info le 15 juillet 2025.
La montée en puissance des outils de reconnaissance faciale capables de recouper des images avec des profils en ligne, de manière instantanée, transforme chaque cliché en donnée sensible. Un soldat photographié lors d’un défilé peut potentiellement être géolocalisé, profilé, voire ciblé, à distance, par des services étrangers.
La montée en puissance des outils de reconnaissance faciale capables de recouper des images avec des profils en ligne, de manière instantanée, transforme chaque cliché en donnée sensible. Un soldat photographié lors d’un défilé peut potentiellement être géolocalisé, profilé, voire ciblé, à distance, par des services étrangers.
Une image suffit : retour sur l’affaire Strava
L’armée belge n’agit pas dans le vide. L’un des précédents les plus médiatisés reste l’affaire Strava, survenue en 2018. La plateforme sportive américaine avait publié une carte mondiale des activités physiques enregistrées par ses utilisateurs. Problème : plusieurs itinéraires mettaient en lumière des bases militaires secrètes, notamment en Afghanistan, au Niger ou en Syrie.
Des soldats américains y avaient activé leurs trackers pendant leurs entraînements, révélant involontairement les contours de sites sensibles. L'incident avait conduit le Pentagone à interdire l’usage des applications de géolocalisation au sein de ses effectifs. Ce précédent reste dans toutes les mémoires, et illustre comment données numériques banales peuvent devenir des outils de renseignement pour des puissances adverses.
Des soldats américains y avaient activé leurs trackers pendant leurs entraînements, révélant involontairement les contours de sites sensibles. L'incident avait conduit le Pentagone à interdire l’usage des applications de géolocalisation au sein de ses effectifs. Ce précédent reste dans toutes les mémoires, et illustre comment données numériques banales peuvent devenir des outils de renseignement pour des puissances adverses.
Du défilé militaire au danger cyber : une doctrine en mutation
En Belgique, c’est le défilé du 21 juillet qui cristallise cette inquiétude. Retransmis en direct, capturé par de nombreuses caméras, documenté sur les réseaux sociaux, l’événement expose des centaines de soldats à une exploitation massive de leur image. « Les soldats pourraient en effet être identifiés par les services d’un pays tiers grâce à la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle », confirme 7sur7.be.
Selon le commandant en second de la composante Terre, Sven Serré, le port du foulard, aussi appelé buff, était déjà en usage limité : « Il y a toujours eu des unités qui ont défilé avec ce buff. Et quand nous avons vu les militaires dans les rues, à partir de 2016, après les attentats, les militaires étaient également avec le buff, pour ne pas être complètement reconnaissables. » La nouveauté, c’est la systématisation de cette mesure à toutes les unités visibles du public, à l’exception des officiers et des élèves de l’École royale militaire.
Selon le commandant en second de la composante Terre, Sven Serré, le port du foulard, aussi appelé buff, était déjà en usage limité : « Il y a toujours eu des unités qui ont défilé avec ce buff. Et quand nous avons vu les militaires dans les rues, à partir de 2016, après les attentats, les militaires étaient également avec le buff, pour ne pas être complètement reconnaissables. » La nouveauté, c’est la systématisation de cette mesure à toutes les unités visibles du public, à l’exception des officiers et des élèves de l’École royale militaire.
Une stratégie de dissimulation face aux menaces hybrides
La généralisation du buff n’est pas un simple réflexe de prudence : elle s’inscrit dans une stratégie de défense face aux menaces hybrides, qui combinent guerre informationnelle, piratage, surveillance massive et opérations psychologiques. La Belgique adapte donc sa doctrine de visibilité militaire à l’ère numérique. Le soldat ne peut plus être un acteur public sans protection dans l’espace algorithmique mondial. Chaque visage, chaque posture, chaque localisation géographique peut être instrumentalisée, analysée, exploitée.