Programme SAFE : les 18 pays réclament des prêts supérieurs au plafond prévu



Publié par Jehanne Duplaa le 4 Aout 2025

Un dispositif stratégique de l’Union européenne se retrouve confronté à son propre succès. Les demandes de prêts déposées par 18 États-membres dans le cadre du programme SAFE dépassent déjà les capacités budgétaires allouées. Une tension budgétaire à haute valeur géopolitique.



Le 30 juillet 2025, la Commission européenne a réceptionné les premières demandes de prêts dans le cadre du programme SAFE (Security Action for Europe), un mécanisme lancé pour stimuler la base industrielle de défense du continent. Très vite, il est apparu que les montants sollicités par 18 États-membres excèdent largement le plafond fixé à 150 milliards d’euros, ouvrant une période d’arbitrages difficiles.


Le programme SAFE, entre ambition industrielle et réponse géopolitique

Présenté en mars 2025 par la Commission, le programme SAF constitue le volet financier du plan ReArm Europe, avec pour objectif d’accélérer la production de munitions, de reconstituer les stocks stratégiques et de renforcer les capacités militaires européennes, en s’appuyant sur des prêts mutualisés à hauteur de 150 milliards d’euros.

Des demandes de prêts supérieures à 150 milliards d’euros

Selon les estimations d'Euractiv, les premières demandes « ne reflétaient que la partie la plus modeste des besoins ». La Commission avait annoncé 127 milliards d’euros reçus, mais cette estimation ne tenait compte que des offres minimales soumises. En réalité, les offres maximales cumulées dépassent très largement le plafond fixé de 150 milliards.
« Les montants des demandes sont “bien supérieurs” à l’enveloppe totale allouée au programme », a précisé une source proche du dossier
Parmi les 18 pays ayant officiellement déposé une demande figurent la France, la Pologne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, la Grèce ou encore les États baltes. Selon Toute l’Europe, la Pologne demande à elle seule environ 45 milliards d’euros, la France près de 20 milliards, et l’Italie jusqu’à 15 milliards. La Belgique, quant à elle, oscille entre 7 et 11 milliards.

Un casse-tête pour la Commission européenne

Avec des demandes largement supérieures à l’enveloppe allouée, la Commission européenne devra évaluer chaque plan d’investissement, à soumettre avant le 30 novembre 2025. Ces plans doivent inclure :

une fourchette budgétaire (minimale/maximale),

une description des équipements ciblés (munitions, drones, défense aérienne, etc.),

un engagement à privilégier des fournisseurs européens à 65 % minimum. Le risque est double : favoriser certains États au détriment d’autres ou diluer l’impact stratégique du programme. De surcroît, la Commission incite toujours les 9 États restants à déposer leur demande, malgré l’excès constaté.


Une équation budgétaire complexe pour Bruxelles et les capitales européennes

Le succès apparent du programme SAFE, mesuré par l’afflux massif de demandes de prêts excédant les 150 milliards d'euros, devient une source de complexité politique et stratégique pour Bruxelles. Face à des projets ambitieux, une enveloppe fixe, et une échéance proche, la Commission joue désormais une partition délicate entre urgence sécuritaireéquilibre budgétaire et cohésion européenne.

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