Poutine menace d’avancer encore : les frappes sur Kyiv comme levier pour imposer le plan Trump en 28 points



Publié par La Rédaction le 25 Novembre 2025

En pleine controverse sur le plan de paix américain en 28 points, largement perçu comme favorable à Moscou, Vladimir Poutine prévient qu’il saisira davantage de territoires si l’Ukraine refuse de s’y plier. Quelques jours plus tard, des frappes massives frappent Kyiv au moment où un contre-plan en 19 points, plus avantageux pour Kyiv, commence à émerger. Un enchaînement qui ressemble à un coup de pression calculé sur le terrain comme à la table des négociations.



Un plan de paix sous ultimatum et la menace de nouvelles conquêtes

Wikimédia commons

Dans un entretien largement relayé, Vladimir Poutine confirme que Moscou a reçu la proposition américaine visant à mettre fin à la guerre. Il affirme que le plan de 28 points élaboré par l’équipe de Donald Trump pourrait « être utilisé comme base pour un règlement pacifique final » du conflit. Il explique aussi que les États-Unis ont demandé à la Russie de faire preuve de flexibilité et de consentir à certains compromis, ce qu’il affirme avoir accepté lors de discussions à Anchorage, en Alaska.

Mais ce qui marque surtout, ce sont ses menaces explicites : si Kyiv refuse de discuter sur la base de ce texte, les offensives russes se poursuivront « comme à Koupiansk » et dans d’autres secteurs clés du front. Autrement dit, le refus du plan serait payé en kilomètres carrés supplémentaires perdus par l’Ukraine.

Du côté ukrainien, Volodymyr Zelensky reconnaît que le pays fait face à un « choix très difficile » : soit risquer de perdre un partenaire majeur, soit accepter un accord qui pourrait être vécu comme une atteinte à la dignité nationale. Il ne rejette pas frontalement le plan, mais insiste sur la nécessité d’une « paix réelle et digne ». L’Ukraine dispose d’une semaine pour se prononcer, avec une date limite fixée au jeudi par Trump.

En parallèle, sous la pression des critiques ukrainiennes et européennes, Washington et Kyiv élaborent un contre-projet de 19 points, présenté comme nettement plus favorable à l’Ukraine. Ce texte atténue plusieurs exigences jugées pro-russes dans la version initiale, tout en repoussant certaines questions les plus sensibles à plus tard. Moscou, de son côté, qualifie déjà ce nouveau cadre de "non-starter" 


Les frappes sur Kyiv, un signal militaire au service de la pression politique

C’est dans ce contexte de bras de fer diplomatique qu’intervient la séquence des frappes sur Kyiv. Tôt mardi, la capitale ukrainienne est visée par une attaque combinant missiles et drones. Les défenses antiaériennes se mettent en action, les autorités ordonnent aux habitants de rester dans les abris. Selon le maire Vitali Klitschko, un immeuble résidentiel est gravement endommagé et des magasins sont en feu. Des coupures d’électricité et d’eau touchent plusieurs quartiers, le temps que les services d’urgence interviennent.
 

Au même moment, la Russie dénonce le nouveau cadre de 19 points travaillé par Washington et Kyiv, et maintient que le texte de 28 points doit rester la base des discussions. Des analyses publiques du projet initial soulignent qu’il impose à l’Ukraine des concessions territoriales lourdes, des limites à ses forces armées et un renoncement durable à l’adhésion à l’OTAN, tandis que la Russie y obtient des garanties importantes sans réciprocité équivalente.
 

Le calendrier parle de lui-même :

Poutine adoube le plan de 28 points et menace de prendre plus de territoire si Kyiv refuse.

Washington et l’Ukraine produisent un texte alternatif de 19 points, plus acceptable pour Kyiv et ses alliés européens.

Dans la foulée, Kyiv est frappée par une nouvelle salve de missiles et de drones, alors même que Trump se félicite de « grands progrès » sur un futur accord.
 

On ne peut pas prouver un lien mécanique entre chacune de ces décisions, mais la logique d’ensemble ressemble à une stratégie de pression maximale : poser un cadre de paix favorable à Moscou, puis rappeler par la force que le refus a un coût. Sur le terrain, cela passe par la destruction de logements, de commerces, d’infrastructures essentielles. Sur le plan politique, cela place Kyiv face à un choix resserré entre tenir bon sur ses lignes rouges ou accepter un compromis qui entérine de facto une partie des gains russes.
 

Les bombardements de ce matin ne sont pas qu’un épisode de plus dans une guerre d’usure. Ils s’inscrivent dans une séquence où l’articulation entre manœuvre militaire, calendrier diplomatique et pression psychologique devient l’outil central de Moscou pour tenter de forcer la main à l’Ukraine sur les bases mêmes de l’accord de paix.


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