Située dans l’oblast de Donetsk, Pokrovsk constitue un carrefour vital pour l’armée ukrainienne. La ville est désormais menacée par trois axes : les forces russes avancent depuis le nord, l’est et le sud, cherchant à isoler la garnison. Les combats s’intensifient dans les quartiers périphériques. L’armée ukrainienne assure toutefois qu’il n’y a « pas d’encerclement », malgré des frappes continues sur les voies d’accès.
Les drones et l’artillerie russes jouent un rôle central. D’après El País, Moscou cible les centres logistiques et les voies de ravitaillement, compliquant le transport de munitions et de renforts vers le front. Cette stratégie, observée depuis plusieurs mois, combine précision et pression constante. Elle vise à épuiser l’ennemi plutôt qu’à percer brutalement ses défenses.
Le ministère de la défense ukrainien a recensé plus de 250 affrontements en vingt-quatre heures sur l’ensemble du front, dont une part importante autour de Pokrovsk. Les unités ukrainiennes, notamment les brigades mécanisées et d’assaut, tentent de contenir l’avance. Mais les pertes matérielles sont lourdes, et le ravitaillement devient de plus en plus risqué.
Volodymyr Zelensky s’est rendu récemment dans la région pour soutenir les troupes. Le président a salué « la résilience et le courage » des soldats qui défendent la ville. Mais sur le terrain, la situation se dégrade. Les bombardements ont détruit plusieurs infrastructures civiles, tandis que les coupures d’électricité et les difficultés d’évacuation compliquent la vie des habitants.
Les analystes militaires évoquent un changement de tempo dans l’offensive russe. Les assauts frontaux ont été remplacés par une guerre d’usure fondée sur la supériorité en drones, en artillerie et en munitions. Cette approche, moins spectaculaire, permet à Moscou d’avancer lentement mais sûrement dans le Donbass. Le Institute for the Study of War parle d’une progression mesurée, mais constante autour de Pokrovsk.
L’enjeu dépasse la simple prise d’une ville. Pokrovsk est un verrou logistique : sa chute ouvrirait la route vers Dnipropetrovsk et fragiliserait la défense ukrainienne sur tout le front oriental. Pour la Russie, ce serait une victoire politique et militaire après plusieurs mois de stagnation. Pour Kiev, ce serait la perte d’un bastion de résistance dans le Donbass.
La ville tient encore, mais au prix d’un effort considérable. Les forces ukrainiennes doivent défendre un espace sous un feu continu, tout en maintenant une logistique déjà épuisée. Pokrovsk résiste, mais la mécanique russe, patiente et calculée, semble reprendre de la vitesse. Le rouleau compresseur ne s’emballe pas : il avance lentement, en détruisant d’abord les routes qui mènent à la résistance.