L’édition 2025 de l’exercice AJEX DAGIT-PA, acronyme de Dagat, Langit, Lupa (« mer, air, terre »), marque un tournant doctrinal majeur pour les Armed Forces of the Philippines (AFP). L’objectif est clair : tester la capacité des forces philippines à repousser un envahisseur sans aide immédiate d’alliés. Environ 2 000 soldats participent aux manœuvres, contre 3 000 l’année précédente, mais le dispositif inclut désormais la garde côtière, la police nationale et la réserve militaire, signe d’une mobilisation élargie.
L’exercice, conduit dans plusieurs zones de l’archipel, se concentre particulièrement sur l’île de Thitu (Pag-asa), dans la mer de Chine méridionale, l’un des territoires les plus disputés entre Manille et Pékin. Les manœuvres y incluent la défense d’aérodromes et de ports, et une mission de contre-atterissage dans le nord de Luzon. Ces opérations s’inscrivent dans le cadre du Comprehensive Archipelagic Defense Concept (CADC), stratégie de défense territoriale annoncée en 2024 et désormais testée grandeur nature.
Le chef d’état-major des armées Romeo Brawner Jr. a expliqué que cette posture vise à garantir que les forces philippines puissent réagir seules en cas d’agression, en s’appuyant sur leurs propres moyens et sur une coordination interarmées renforcée. Dans le même temps, la création de l’AFP Strategic Command, fin octobre 2025, traduit la volonté du gouvernement de rationaliser la planification et la conduite des opérations multidomaines.
Un communiqué de la Philippine Army souligne que l’exercice 2025 teste spécifiquement la défense terrestre et l’interopérabilité inter-services. L’armée de terre, la marine, l’armée de l’air et la garde côtière participent conjointement à des opérations simulant la résistance à une invasion combinée. Les scénarios incluent des attaques amphibies, des défenses antiaériennes et antimissiles, et des opérations d’appui logistique interarmées.
Pour le général Roy Galido, commandant de l’armée, l’enjeu est de « renforcer la capacité de manœuvre terrestre au sein d’un dispositif inter-services complet ». L’armée teste ainsi des procédures de coordination tactique, de partage de renseignement et de logistique conjointe entre branches militaires. Ces exercices traduisent un changement structurel : les forces philippines ne s’entraînent plus à intervenir sous commandement allié, mais à conduire une défense nationale autonome, appuyée par des capacités propres de renseignement, de communication et de guerre électronique.
Le communiqué ajoute que les unités terrestres intègrent désormais des scénarios de cyberdéfense et de guerre informationnelle, illustrant la volonté de l’état-major d’élargir la défense à tous les domaines, y compris non cinétiques. L’objectif affiché est de valider des procédures permettant à chaque branche d’opérer de manière coordonnée en cas d’interruption des communications stratégiques ou de déni d’accès maritime.
sources :
Defense news
Philippine Army