Peut-on vraiment récolter de l'énergie à partir des pneumatiques?



le 18 Mai 2015

Si les véhicules électriques sont pleins d’atouts, leur autonomie reste encore limitée à l'heure actuelle. Dans ce contexte, Goodyear travaille à développer un pneu capable de produire de l’électricité afin d’augmenter la portée de ces véhicules prometteurs. La technologie est cependant complexe à développer. Juste une histoire de patience ?



Crédits: Pixabay
Freiner pourrait rapporter gros

Au cœur des défis de l’ingénierie automobile, l’optimisation des performances des véhicules électriques est un défi de taille. Une des pistes récemment explorée est celle du freinage par récupération. Il consiste à capter l'énergie qui est perdue, comme la chaleur par exemple, pour en faire une source d’alimentation pour la batterie. Ce procédé, déjà utilisé par certains systèmes Start & Stop, permettrait d’augmenter la portée du véhicule. En dehors de cette solution, les ingénieurs ont également développé d'autres possibilités, telles que la production d'énergie à partir des amortisseurs. Il s’agit d’exploiter au maximum l’énergie (chaleur, mouvement) produite par les pneus.

De telles innovations ont suscité l’intérêt de Goodyear qui investit fortement dans la recherche et le développement à destination des véhicules électriques. L’entreprise s’intéresse notamment à l’énergie dissipée dans les pneus. Elle entend développer un pneu qui peut réellement produire de l'électricité. Le produit qu'ils ont développé est appelé BH-03. Le BH-03 capte l'énergie de deux façons : récupération de l'énergie mécanique et de l'énergie thermique dégagée. Il exploite le courant piézoélectrique, qui a la propriété de convertir une déformation mécanique en champ électrique. Autre technique, la thermoélectricité qui convertit essentiellement la variation de l'écart de température en charge électrique. Car le pneu, qu’il soit en action sur l’asphalte ou au repos, produit constamment de la chaleur. Les ingénieurs de Goodyear veulent alors récupérer cette chaleur et la mettre au profit des batteries des voitures électriques. Il s’agit d’utiliser des matériaux thermoélectriques, tels que le tellurure de bismuth ou le séléniure d’étain. Les ingénieurs espèrent ainsi produire de l'électricité à partir de la différence entre les parties les plus froides et les plus chaudes du caoutchouc.
 

Une technologie à perfectionner

La difficulté est de ne pas sacrifier la durabilité et l'élasticité du caoutchouc et donc la performance des pneus. Autre problème, celui de savoir où placer les capteurs. Placés à l'intérieur des pneus pour mesurer les pressions d'air et les températures, ceux-ci seront alimentés avec d'autres données de l'ordinateur central de la voiture, de manière à pouvoir améliorer les performances de la voiture.  Enfin, les ingénieurs se posent la question des modalités de chargement de la batterie. Les ingénieurs pensent soit utiliser une connexion câblée qui s’étend du pneu vers la batterie ou transférer l'énergie grâce à l'induction.   

Bien que ces possibilités aient ouvert de nouveaux horizons, elles ne sont encore que théorique. Les ingénieurs ont encore à déterminer quels matériaux sont les plus appropriés, quelle est leur efficacité énergétique, et quelles contraintes cela ajouterait au pneu. Le BH-03 est encore incertain de voir le jour rapidement sur le marché. Mais  il est probable que d’ici 10 à 15 ans ce prototype évolue vers une solution fiable. Reste à savoir si le jeu en vaut la chandelle car pour l’heure les quantités d’électricité récupérées sont minces.  BH-03 a néanmoins le mérite de défricher une nouvelle tendance : celle de la récupération d'énergie tous azimuts.
 
 
 

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