Otages français en Iran : un outil tactique au service de la doctrine sécuritaire



Publié par Adélaïde Motte le 3 Juillet 2025

L’inculpation de Cécile Kohler et Jacques Paris pour espionnage au profit d’Israël s’inscrit dans une logique stratégique bien connue : l’usage des ressortissants étrangers comme instruments d’influence.



Une manœuvre conforme aux doctrines asymétriques iraniennes

Depuis le 7 mai 2022, Cécile Kohler et Jacques Paris sont détenus à Téhéran. Leur inculpation formelle le 2 juillet 2025 pour espionnage au bénéfice du Mossad, conspiration contre la République islamique et « corruption sur terre » illustre une approche bien rodée : l’usage d’otages étrangers pour renforcer le poids stratégique de l’Iran dans ses rapports avec l’Occident. Placés dans la section 209 d’Evin, contrôlée par le ministère du Renseignement, les deux Français sont maintenus dans une prison relevant du domaine sécuritaire plus que judiciaire, un classique du dispositif répressif asymétrique.

Ce type d’incarcération s’apparente à une riposte non militaire dans un contexte d’affrontement indirect avec Israël et ses alliés. Les arrestations ciblées de ressortissants étrangers servent ici à contrebalancer les pressions internationales et les opérations clandestines imputées à l’État hébreu. L’absence d’accès à un avocat indépendant, l’opacité des charges, et la synchronisation de l’inculpation avec des événements régionaux tendus renforcent l’interprétation d’une opération planifiée dans une logique de dissuasion hybride.

Le renseignement au cœur d’un affrontement diplomatico-militaire

Pour Téhéran, la manipulation du statut de prisonnier civil relève d’un arsenal d’actions non létales mais à forte valeur stratégique. L’accusation d’espionnage s’inscrit dans une guerre de l’ombre où chaque arrestation devient un signal : ici, la France est sommée de revoir ses positions, sous peine de voir ses ressortissants servir de monnaie d’échange dans un bras de fer géopolitique. Le lien explicite avec le Mossad confère à cette affaire une portée qui dépasse le strict cadre bilatéral.

Face à ce type de tactique, les réponses militaires classiques deviennent inadaptées. L’État français, contraint à la prudence pour préserver ses canaux de négociation, se voit limité à des protestations diplomatiques publiques, pendant qu’en coulisses, d’éventuels scénarios d’exfiltration sont théoriquement envisagés. Dans ce jeu à plusieurs niveaux, la détention des deux Français devient une pièce sur l’échiquier d’un conflit hybride où les règles sont fixées par l’usage et non par le droit.








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