Optic 2000 : Reportage dans les coulisses de la fabrication des lunettes



Publié par Romain Lambert le 24 Juillet 2014

Situé à Clamart dans les Hauts-de-Seine, le centre de montage d’Optic 2000 est une belle démonstration de performance industrielle ancrée en France. Sur le site de Clamart, que nous avons visité, Optic 2000 a fait le choix de coupler sa centrale d’achat à l’atelier de montage manuel pour toujours plus de qualité et de réactivité. Arnaud de la Rochefordière, directeur logistique et production du GIE des enseignes Optic 2000, nous y accueille.



Un centre de montage performant pour des produits de santé

S’il y a bien une règle à laquelle la première enseigne de distribution non-alimentaire de France entend ne pas déroger, c’est l’impératif de qualité. C’est la raison pour laquelle elle a choisi de placer son centre de montage principal en France, au sein même du siège social. Le recours intensif à une main d’œuvre qualifiée et à des matières de haute qualité permettent de garantir la fiabilité ce qui reste un produit de santé.

« Nous n’achetons nos produits que chez des distributeurs établis et reconnus. Par exemple, nous n’achetons pas de verres « exotiques ». Nous ne faisons confiance qu’aux grands verriers mondiaux », explique Arnaud de la Rochefordière.

Le soutien à la filière française

Pour les verres, Optic 2000 fait appel à Essilor, le leader français du secteur, mais aussi à Zeiss ou à BBGR, également reconnus pour la qualité de leurs produits. Essilor est par contre le seul fournisseur à proposer des verres portant le label Origine France Garantie.

Concernant les montures, si Optic 2000 continue d’avoir recours – du moins en partie - à l’importation, notamment pour assurer les productions d’entrée de gamme, elle soutient de façon active les lunettiers jurassiens. « La collection Mode In France est intégralement fabriquée dans le Jura. Nous espérons ainsi encourager les porteurs de lunettes à acheter français, et à soutenir une filière artisanale à l’équilibre économique fragile. Clairement, le haut de gamme est fabriqué en France », justifie le Directeur logistique.

Un métier intensif en main d’œuvre très qualifiée

« En optique-lunetterie, il n’est pas possible d’automatiser le montage des lunettes, car aucune paire n’est semblable à une autre, qu’il s’agisse des verres ou des montures. Cette étape de la production fait donc appel à une main d’œuvre nombreuse et qualifiée, qu’il a fallu former en interne pour l’essentiel », précise le directeur logistique.

Il n’existe en effet aucune formation spécifique de « monteur-lunetier », alors que le métier exige savoir-faire, rigueur, et minutie. Sur les 150 personnes que compte la division Logistique, 80 sont affectées à l’atelier. Organisés en deux équipes pour une production continue de 6h30 à 21h00, 42 monteurs polyvalents assemblent et contrôlent 3 200 paires quotidiennes en moyenne, avec un total annuel de 800 000 paires.

De manière à renforcer la responsabilisation opérationnelle, chaque monteur assure l’ensemble des étapes du montage pour une paire donnée : chaque paire est l’œuvre d’une seule personne.

La fidélisation des collaborateurs : un enjeu opérationnel majeur


Malgré la possibilité de recruter des salariés issus de l’industrie électronique ou de la mécanique de précision, cette relative rareté des personnes qualifiées impose à l’entreprise de fidéliser ses monteurs. « La fidélisation est pour nous une préoccupation centrale parce qu’il est très difficile de remplacer un monteur, compte tenu de leur rareté. On ne peut pas remplacer un monteur-lunetier. » 

Tous les monteurs sont ainsi en CDI, avec une ancienneté moyenne de 10 ans. Le turn-over des salariés reste faible et il y a rarement plus d’un monteur par an à remplacer, qu’il s’agisse de départs à la retraite ou pour convenances personnelles.

 « L’entreprise également propose à ses salariés un système de cooptation : un salarié peut proposer une personne de sa connaissance pour un poste. Si la personne est embauchée à l’issue de sa période probatoire, le salarié qui l’a proposée touche une prime ». De la sorte, Optic 2000 entend renforcer la cohésion de ses équipes et inclure les salariés dans les process de recrutement.

« Preuve de l’efficacité du système et de l’intérêt porté par nos salariés, lors du déménagement de Malakoff à Clamart en 2005, tous nous ont suivi, malgré les contraintes », complète Arnaud de la Rochefordière. 

Une logistique repensée, pour plus de fluidité et de réactivité

La communication entre le centre de montage et les magasins a été informatisée depuis plusieurs années. Même si 10 à 15 % des commandes sont encore traitées par téléphone, seules les commandes retournées ou les réclamations font désormais l’objet d’un traitement manuel.

« Avec 1200 magasins il n’était plus possible de procéder selon un traitement papier. » La centralisation d’une partie des activités d’achat et de montage du groupe Optic 2000 a entre autres pour but de limiter la constitution de stocks au niveau des magasins. Les stocks imposent en effet des procédures contraignantes de sécurité et de gestion, particulièrement dans un contexte de recrudescence des vols dans les magasins d’optique.

« Le principe retenu pour les magasins est de ne pas disposer de stocks de verres ou de lentilles, mais seulement de montures » explique Arnaud de la Rochefordière. « Par contremême à notre niveau, nous ne stockons pas de verres progressifs, car il y a des millions de références ».

Le principe de fonctionnement retenu au sein de la plateforme est donc celui de quasi flux tendus : « Notre réactivité est l’un des avantages à avoir une logistique en France : toute commande reçue avant 18h30 part le soir même. Et s’il s’agit d’une commande en France métropolitaine, elle sera livrée le lendemain par air ou par liaison routière avant 12h00, ou même avant 09h00 pour certaines urgences. »

Le centre logistique de Clamart permet la livraison sous 24 à 48h de la première paire, livrée en kit en magasins, qui assurent le meulage des verres, le montage et les ajustements finaux. La « deuxième paire gratuite », concept lancé par Optic 2000 en 1987, est intégralement montée à Clamart et livrée sous 3 à 6 jours ouvrés.

Infrastructure de pointe


Pour tenir ses délais, Optic 2000 a dû investir considérablement dans l’outil productif depuis son installation à Clamart en 2005. Sur place sont en effet réalisés le meulage de l’ensemble des verres, la teinte des verres solaires, et l’assemblage des paires. L’avantage d’une installation industrielle réalisée à partir d’une page blanche, c’est qu’elle permet d’optimiser la production, qu’il s’agisse de l’organisation de l’espace, de l’ergonomie des postes de travail ou des tâches pouvant être automatisées. Compte tenu des cadences de production, Optic 2000 a du faire appel à des machines-outils de pointe, aptes à encaisser la charge de travail : « alors qu’en magasin, une meuleuse dépasse rarement les 30 000 verres, les meuleuses de l’usines ont d’ores et déjà dépassé le million de verres pour certaines », selon le directeur logistique.

Afin de faciliter les mouvements logistiques, chaque paire de lunette, dûment identifiée par un code barre, navigue entre les différents postes d’assemblage sur un tapis roulant qui parcourt l’ensemble des ateliers. La systématisation de ce tapis, des étagères des stocks jusqu’au poste de montage, a permis de faire passer la distance moyenne parcourue par un salarié de huit à environ un kilomètre par jour. 

Les salariés ont été associés à la conception de ce système de manière à leur faciliter la tâche. « Nous avons repensé l’ensemble de l’ergonomie des postes de travail. Nous avons fait en sorte de disposer de locaux propres, modernes, lumineux et climatisés. La rotation des salariés permettent également de varier les compétences déployées, de mobiliser et d’entretenir plusieurs savoir-faire au cours d’une journée » précise le directeur logistique.

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