Une sous-traitance biélorusse pour l’artillerie russe
BelPol précise qu’une dizaine d’ingénieurs chinois ont été dépêchés pour installer puis superviser ces lignes au sein d’au moins deux entreprises d’État biélorusses, dans un tissu industriel déjà partiellement reconverti vers la production de guerre. Faute de capacités locales pour fabriquer les charges explosives, Minsk se concentre sur la fonderie et l’usinage des corps d’obus, laissant à la Russie les étapes finales d’assemblage et de remplissage.
Surtout, Kupreychik insiste sur le fait que ces «corps d’obus» sont produits exclusivement dans le cadre de commandes publiques russes : Moscou est l’unique client, ce qui enferme l’industrie biélorusse dans une dépendance quasi totale au complexe militaro-industriel russe.
Pékin, fournisseur discret mais devenu indispensable pour Moscou
Le rôle chinois est double : fournitures d’équipements industriels (lignes de production, contrôles qualité, ingénierie) et accompagnement technique continu via des équipes dédiées sur le sol biélorusse. Ce schéma permet à Pékin de rester officiellement en-deçà de la livraison directe d’armes, tout en contribuant à la montée en puissance de stocks d’artillerie indispensables à la stratégie russe de guerre d’attrition.
Ce mécanisme s’inscrit dans un faisceau d’indices plus large sur le soutien chinois à Moscou : Kiev affirme depuis plusieurs mois que la Russie reçoit des composants critiques – poudres propulsives, éléments d’artillerie, matériels à double usage – en provenance directe ou indirecte de Chine. Ce sont précisément ces flux que visent les propos d’Antti Häkkänen, qui accuse Pékin de « financer massivement » la machine de guerre russe via la fourniture de composants militaires, la coopération industrielle de défense et des activités conjointes de plus en plus visibles en Arctique, en Indo-Pacifique et en Europe.
Un signal d’alarme pour l’Europe et pour l’OTAN
Le ministre finlandais de la Défense, Antti Häkkänen, cherche à faire prendre conscience aux alliés que l’équation stratégique ne se joue plus uniquement entre Moscou et Kiev, mais dans un triangle Russie, Chine, États européens.
En externalisant une partie de sa production d’artillerie vers un allié dépendant, Moscou sécurise ses flux de munitions ; en investissant dans ces capacités, la Chine s’offre un levier stratégique sur l’équilibre militaire européen.
L’Union européenne et l’OTAN seront-elles capables de relever ce défi, qui se joue désormais sur le terrain industriel, logistique et technologique ?