Nucléaire : un accord majeur signé en 2018 et jamais sanctionné
Le 15 novembre 2025, dans le port de Dunkerque, une opération discrète a propulsé à nouveau le nucléaire français au cœur d’une controverse internationale. Alors que Paris affirme vouloir réduire sa dépendance aux capacités russes, plusieurs conteneurs d’uranium de retraitement ont été chargés sur un navire en partance pour la Russie. Greenpeace, présente sur place, a dénoncé un retour d’un commerce qu’elle juge moralement inacceptable. L’ONG rappelle que ces flux s’inscrivent dans le cadre d’un contrat nucléaire de 600 millions d’euros conclu en 2018, destiné à l’industrie française.
En 2018, EDF a signé un contrat nucléaire évalué à 600 millions d’euros avec Tenex, filiale du géant russe Rosatom, pour la conversion et le ré-enrichissement d’uranium de retraitement. Le montant reste considérable et l’accord, bien que conclu avant l’invasion de l’Ukraine, n’a pas été visé par les sanctions internationales, comme le rappelle l’AFP. Cette continuité constitue une première clef de lecture : la dépendance technique de la France au savoir-faire russe en matière de cycle du combustible nucléaire demeure.
L’uranium concerné provient du retraitement du combustible irradié à l’usine de La Hague. Une fois séparé des autres matériaux, il est transporté puis stocké dans les hangars de Pierrelatte, au sein du complexe nucléaire du Tricastin. Greenpeace rappelle que près de 35 000 tonnes y sont entreposées. Ce stock massif révèle l’enjeu industriel : sans solution nationale, la France doit externaliser la conversion et le ré-enrichissement auprès de Rosatom, seule industrie capable d’assurer cette étape cruciale.
Or, selon l’AFP, Rosatom possède à Seversk en Sibérie « le seul site au monde » permettant la conversion de cet uranium particulier. Ce monopole explique que l’accord de 2018 soit resté intact : les étapes nécessaires à la valorisation d’une partie de la matière sont impossibles à réaliser sur le sol français. Ainsi, même en pleine crise géopolitique, l’industrie nucléaire française reste dépendante de cette infrastructure russe unique.
En 2018, EDF a signé un contrat nucléaire évalué à 600 millions d’euros avec Tenex, filiale du géant russe Rosatom, pour la conversion et le ré-enrichissement d’uranium de retraitement. Le montant reste considérable et l’accord, bien que conclu avant l’invasion de l’Ukraine, n’a pas été visé par les sanctions internationales, comme le rappelle l’AFP. Cette continuité constitue une première clef de lecture : la dépendance technique de la France au savoir-faire russe en matière de cycle du combustible nucléaire demeure.
L’uranium concerné provient du retraitement du combustible irradié à l’usine de La Hague. Une fois séparé des autres matériaux, il est transporté puis stocké dans les hangars de Pierrelatte, au sein du complexe nucléaire du Tricastin. Greenpeace rappelle que près de 35 000 tonnes y sont entreposées. Ce stock massif révèle l’enjeu industriel : sans solution nationale, la France doit externaliser la conversion et le ré-enrichissement auprès de Rosatom, seule industrie capable d’assurer cette étape cruciale.
Or, selon l’AFP, Rosatom possède à Seversk en Sibérie « le seul site au monde » permettant la conversion de cet uranium particulier. Ce monopole explique que l’accord de 2018 soit resté intact : les étapes nécessaires à la valorisation d’une partie de la matière sont impossibles à réaliser sur le sol français. Ainsi, même en pleine crise géopolitique, l’industrie nucléaire française reste dépendante de cette infrastructure russe unique.
Nucléaire : Une reprise observée à Dunkerque qui surprend
Le 15 novembre 2025, Greenpeace a observé à Dunkerque l’embarquement d’environ dix conteneurs d’uranium de retraitement. L’organisation souligne qu’il s’agit de la première exportation de ce type constatée depuis plus de trois ans. À ses yeux, cette opération traduit « une intensification du commerce » entre la France et la Russie.
Le navire chargé, le Mikhail Dudin, est un cargo battant pavillon panaméen et connu des spécialistes. L’AFP rappelle qu’il assure régulièrement les échanges d’uranium enrichi ou naturel entre la France et Saint-Pétersbourg et transporte habituellement du combustible ou des matières liées à l’industrie nucléaire. Mais cette fois-ci, l’exportation portait sur de l’uranium de retraitement français, destiné à être converti et ré-enrichi dans les installations russes.
Ce retour du flux vers la Russie contraste avec la décision prise en 2022, lorsque, à la suite de révélations médiatiques sur des cargaisons similaires, le gouvernement français avait ordonné à EDF de stopper temporairement ces exportations. La reprise constatée par Greenpeace interroge donc la cohérence des décisions prises depuis l’invasion de l’Ukraine.
Le navire chargé, le Mikhail Dudin, est un cargo battant pavillon panaméen et connu des spécialistes. L’AFP rappelle qu’il assure régulièrement les échanges d’uranium enrichi ou naturel entre la France et Saint-Pétersbourg et transporte habituellement du combustible ou des matières liées à l’industrie nucléaire. Mais cette fois-ci, l’exportation portait sur de l’uranium de retraitement français, destiné à être converti et ré-enrichi dans les installations russes.
Ce retour du flux vers la Russie contraste avec la décision prise en 2022, lorsque, à la suite de révélations médiatiques sur des cargaisons similaires, le gouvernement français avait ordonné à EDF de stopper temporairement ces exportations. La reprise constatée par Greenpeace interroge donc la cohérence des décisions prises depuis l’invasion de l’Ukraine.
Greenpeace critique les accords nucléaires entre France et Russie
Greenpeace dénonce frontalement la poursuite de ces pratiques. Sur place, la chargée de campagne nucléaire, Pauline Boyer, a affirmé : « Ce n’est pas illégal, mais c’est immoral », une déclaration rapportée par l’AFP. Elle ajoute également que « la reprise de ce commerce nucléaire avec Rosatom après une pause de plus de trois ans, alors que l’Ukraine subit de plein fouet les attaques de la Russie, est scandaleuse », selon Greenpeace France.
Pour l’ONG, le cœur du problème est autant moral que stratégique. Elle rappelle que Rosatom, entreprise publique, occupe depuis « plus de trois ans » la centrale ukrainienne de Zaporijjia, un fait inédit dans l’histoire des conflits contemporains. Le maintien de relations commerciales entre une puissance occidentale comme la France et une entreprise impliquée dans un conflit armé pose donc une question d’alignement politique. Pauline Boyer estime que « la France devrait mettre fin à ses contrats avec Rosatom, une entreprise publique qui occupe depuis trois ans la centrale nucléaire de Zaporijjia ». Cette charge vise à souligner un paradoxe : la France défend publiquement une politique de fermeté envers Moscou, tout en poursuivant un commerce nucléaire stratégique avec l’appareil industriel russe.
Au-delà de la critique morale, Greenpeace souligne les limites techniques du modèle actuel. Seule une fraction de l’uranium de retraitement converti et ré-enrichi en Russie revient effectivement en France pour alimenter la centrale nucléaire de Cruas, la seule adaptée à ce combustible particulier. L’AFP évoque une proportion d’environ 10 %. Le reste demeurerait stocké en Russie, sous forme de déchets, dans les installations de Tomsk, selon Greenpeace. Pour l’ONG, ce système équivaut à externaliser une partie de la gestion des déchets nucléaires français à une industrie étrangère, sans garantie de transparence.
Pour l’ONG, le cœur du problème est autant moral que stratégique. Elle rappelle que Rosatom, entreprise publique, occupe depuis « plus de trois ans » la centrale ukrainienne de Zaporijjia, un fait inédit dans l’histoire des conflits contemporains. Le maintien de relations commerciales entre une puissance occidentale comme la France et une entreprise impliquée dans un conflit armé pose donc une question d’alignement politique. Pauline Boyer estime que « la France devrait mettre fin à ses contrats avec Rosatom, une entreprise publique qui occupe depuis trois ans la centrale nucléaire de Zaporijjia ». Cette charge vise à souligner un paradoxe : la France défend publiquement une politique de fermeté envers Moscou, tout en poursuivant un commerce nucléaire stratégique avec l’appareil industriel russe.
Au-delà de la critique morale, Greenpeace souligne les limites techniques du modèle actuel. Seule une fraction de l’uranium de retraitement converti et ré-enrichi en Russie revient effectivement en France pour alimenter la centrale nucléaire de Cruas, la seule adaptée à ce combustible particulier. L’AFP évoque une proportion d’environ 10 %. Le reste demeurerait stocké en Russie, sous forme de déchets, dans les installations de Tomsk, selon Greenpeace. Pour l’ONG, ce système équivaut à externaliser une partie de la gestion des déchets nucléaires français à une industrie étrangère, sans garantie de transparence.
La tentation de relocaliser le cycle du combustible
Face à cette situation, l’État français a annoncé en 2024 envisager la construction d’une installation nationale capable de convertir l’uranium de retraitement. La question demeure toutefois largement ouverte. Relocaliser ces capacités impliquerait de lourds investissements, une maîtrise technologique complexe et une décision politique ferme. En d’autres termes, malgré les annonces et l’intention de souveraineté affichée, aucune échéance opérationnelle n’a encore été actée. Le contraste entre cette ambition et la poursuite des flux actuels est l’un des points clés soulignés par Greenpeace.
L’industrie nucléaire française continue de revendiquer une stratégie de souveraineté et de réduction des risques géopolitiques. Toutefois, la dépendance à Rosatom pour le traitement de l’uranium de retraitement reste structurelle. Les flux observés à Dunkerque montrent que le contrat de 2018, même en pleine guerre, demeure un pilier du fonctionnement du cycle du combustible. Entre le besoin technique, la réalité industrielle et les impératifs géopolitiques, la filière nucléaire française se trouve dans un équilibre instable. Greenpeace, en dénonçant ces exportations, pointe moins un manquement légal qu’une contradiction stratégique : une industrie qui affirme vouloir se détacher de la Russie, tout en continuant à travailler avec son conglomérat nucléaire d’État.
L’industrie nucléaire française continue de revendiquer une stratégie de souveraineté et de réduction des risques géopolitiques. Toutefois, la dépendance à Rosatom pour le traitement de l’uranium de retraitement reste structurelle. Les flux observés à Dunkerque montrent que le contrat de 2018, même en pleine guerre, demeure un pilier du fonctionnement du cycle du combustible. Entre le besoin technique, la réalité industrielle et les impératifs géopolitiques, la filière nucléaire française se trouve dans un équilibre instable. Greenpeace, en dénonçant ces exportations, pointe moins un manquement légal qu’une contradiction stratégique : une industrie qui affirme vouloir se détacher de la Russie, tout en continuant à travailler avec son conglomérat nucléaire d’État.