Naval Group écarté : la bataille des sous-marins canadiens se joue entre Berlin et Séoul



Publié par Aurélien Lacroix le 27 Aout 2025

Le 26 août 2025, le gouvernement canadien a officialisé son choix : seuls deux industriels, ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) et Hanwha Ocean, sont retenus pour la phase finale du programme Canadian Patrol Submarine Project (CPSP). Avec jusqu’à douze sous-marins à la clé, ce contrat représente l’un des plus importants marchés navals jamais envisagés par Ottawa.



Une compétition pour douze sous-marins qui redistribue les cartes industrielles

Le programme canadien prévoit l’acquisition de jusqu’à 12 sous-marins conventionnels de nouvelle génération. Une quantité qui place ce projet parmi les plus ambitieux hors propulsion nucléaire.

La compétition initiale rassemblait six modèles : le Type 212CD de TKMS, le KSS-III de Hanwha, le Taigei japonais, le S-80 espagnol de Navantia, le C-71 Oceanic de Saab, et le Blacksword Barracuda de Naval Group. Tous avaient des arguments : innovation en propulsion, endurance accrue, intégration de missiles. Pourtant, seuls deux restent en lice.

Le programme CPSP fixe des seuils techniques très élevés : autonomie supérieure à 7 000 milles nautiques, capacité de rester 21 jours en plongée continue et jusqu’à 60 jours en autonomie totale. Ces critères éliminent de facto certaines plateformes récentes, mais moins adaptées à des patrouilles longues dans l’Atlantique Nord ou sous la glace arctique.

L’échec de Naval Group et la victoire de l’alliance germano-norvégienne et coréenne

Le grand perdant est le français Naval Group, qui espérait placer une version export du Barracuda, dérivé du Suffren. Bien qu’ayant accumulé des références, notamment en Australie avant l’abandon du contrat, l’industriel français a été recalé rapporte La Tribune.

Cette décision marque un revers sévère pour l’industrie française. L’Allemagne et la Norvège présentent ensemble le Type 212CD, déjà choisi par Berlin et Oslo dans un programme commun. Et, en face, Hanwha Ocean propose le KSS-III, un modèle moderne, doté de systèmes de propulsion indépendante de l’air (AIP) et d’une capacité accrue en missiles. La Corée du Sud mise sur sa montée en puissance dans le naval militaire pour séduire Ottawa, en promettant un transfert de technologies et des retombées industrielles locales.

La sélection de TKMS et Hanwha illustre la stratégie canadienne : diversifier ses partenariats industriels au-delà des seuls alliés traditionnels. L’Europe, par l’Allemagne et la Norvège, apporte une solution éprouvée, tandis que la Corée du Sud incarne la nouvelle génération d’exportateurs de Défense. Les discussions porteront désormais sur les retombées économiques au Canada : construction locale, participation des chantiers nationaux et transfert de savoir-faire sont des conditions imposées par Ottawa. À l’horizon 2037, date envisagée pour la mise en service des premiers bâtiments, le pays pourrait disposer de l’une des flottes conventionnelles les plus endurantes au monde.





 

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