Moscou : l’assassinat du général Fanil Sarvarov et ses répercussions sur les négociations de paix



Publié par François Lapierre le 22 Décembre 2025

L’explosion qui a coûté la vie au lieutenant-général Fanil Sarvarov, survenue le 22 décembre 2025 à Moscou, dépasse largement le cadre d’un fait sécuritaire spectaculaire. En visant un officier supérieur de l’état-major russe au cœur de la capitale, l’attaque intervient à un moment diplomatique sensible et soulève de lourdes interrogations sur l’avenir des négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine.



Une voiture piégée contre un général russe au coeur de Moscou

Selon les autorités russes, l’explosion a été provoquée par un engin placé sous le véhicule du général, déclenché alors qu’il se trouvait dans un quartier résidentiel du sud de Moscou. Les enquêteurs ont immédiatement privilégié la piste d’un assassinat ciblé, excluant toute hypothèse accidentelle. Les services de sécurité ont bouclé le secteur et ouvert une enquête criminelle, dans un climat de forte tension médiatique et politique.

Fanil Sarvarov occupait une fonction stratégique au sein de l’état-major général des forces armées russes, en lien avec la formation et la préparation opérationnelle. Sans être une figure publique, il appartenait au cercle restreint des officiers directement impliqués dans la structuration militaire du conflit en Ukraine. Sa mort ne modifie pas instantanément la conduite des opérations sur le terrain, mais elle frappe symboliquement l’appareil militaire russe à un niveau rarement atteint depuis le début de la guerre.

Un assassinat qui risque de faire capoter la paix ?

L’impact de l’attaque tient surtout à son contexte politique. Elle intervient alors que des discussions indirectes, fragiles et encore exploratoires, sont évoquées par plusieurs acteurs internationaux comme une possible voie de désescalade. Dans ce cadre, l’assassinat d’un général à Moscou risque de durcir les positions russes. Pour le Kremlin, un tel acte peut être présenté comme la preuve que la Russie demeure sous attaque directe, y compris sur son territoire, ce qui complique toute justification interne d’un compromis ou d’une concession.
Du côté ukrainien, l’absence de revendication ou de commentaire officiel maintient une ambiguïté stratégique. Cette posture, déjà observée lors d’autres opérations clandestines présumées, permet à Kiev d’éviter une confrontation diplomatique directe tout en laissant planer l’incertitude sur ses capacités de projection. Néanmoins, dans le cadre de négociations potentielles, cette ambiguïté peut être exploitée par Moscou pour dénoncer un climat incompatible avec des pourparlers de bonne foi.
Sur le plan international, l’attaque complique également le rôle des médiateurs. Toute avancée vers des discussions sérieuses repose sur une baisse relative des tensions et sur la perception d’un minimum de contrôle politique et sécuritaire. Un attentat de cette nature, dans la capitale russe, renforce au contraire l’idée d’un conflit qui s’étend et se radicalise, rendant politiquement coûteux pour les dirigeants russes de s’engager dans une dynamique de compromis.

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