Un carrefour mondial incontournable pour le commerce et l’énergie
La mer Rouge constitue un lien maritime essentiel entre l’Asie, le Moyen-Orient et l’Europe. Via le passage par le détroit Bab el‑Mandeb puis le Canal de Suez, elle offre le chemin le plus direct pour le trafic de marchandises, de pétrole, de gaz, et de biens manufacturés, évitant le long détour par le cap de Bonne-Espérance. Avant les récentes perturbations, environ 12 % du commerce mondial transitait par la mer Rouge.
Le corridor est également crucial pour l’approvisionnement énergétique : des millions de barils de pétrole et des cargaisons de gaz traversent régulièrement la zone, faisant de ce couloir un pilier de la sécurité énergétique mondiale.
Pour l’Europe et l’Asie, ce passage est une artère vitale. Toute perturbation, qu’elle soit politique, militaire ou logistique, peut provoquer des effets d’entraînement considérables sur les chaînes d’approvisionnement, les coûts de fret, voire les prix de l’énergie à l’échelle planétaire.
Une zone sous tension : menaces, reroutages, enjeux sécuritaires
Depuis 2023, la mer Rouge subit de fortes secousses géopolitiques. Les attaques répétées de l’organisation armée Houthis contre des navires marchands dans le détroit de Bab el-Mandeb ont mis en lumière la vulnérabilité de cette route maritime.
Ces actions hostiles ont poussé de nombreuses compagnies maritimes à contourner la mer Rouge, en empruntant la route beaucoup plus longue autour du cap de Bonne-Espérance. Ce détournement allonge les trajets de plusieurs jours, alourdit les coûts logistiques et fragilise la fluidité des échanges mondiaux.
La militarisation croissante de la zone, la multiplication des interventions navales et la montée des risques de piraterie ou d’attaques par drones et missiles transforment la mer Rouge en un front géostratégique. Pour de nombreux États, garantir la sécurité de la navigation est devenu une priorité, ce qui revalorise le rôle de la mer Rouge dans les équilibres internationaux.
Un enjeu géopolitique retrouvé pour les puissances et les États riverains
La revalorisation de la mer Rouge ne tient pas qu’à l’économie. Elle tient aussi au fait qu’elle est un carrefour de puissance. Les États traversés ou riverains, ainsi que les grandes puissances maritimes, sont amenés à s’impliquer dans la sécurisation de la zone, à renforcer leurs capacités navales et à redéfinir leurs alliances.
Le contrôle du passage par Bab el-Mandeb constitue non seulement un levier économique mais aussi un instrument d’influence stratégique. Qui maitrise cette porte maritime, maîtrise une part essentielle des échanges entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Dans un contexte d’intensification des rivalités régionales et globales, la mer Rouge apparaît comme un « verrou » de première importance.
Par ailleurs, l’instabilité politique dans la Corne de l’Afrique, les conflits internes, l’essor des routes alternatives, mais aussi l’évolution des flux commerciaux et énergétiques modifient les configurations traditionnelles. La mer Rouge, et avec elle le canal de Suez, redevient un espace clé pour anticiper les bouleversements dans l’ordre international.