Marine nationale : au cœur de la lutte antidrogue révélée par le JDEF sur LCP



Publié par Alix de Bonnières le 10 Juillet 2025

Le narcotrafic maritime n’est plus une affaire de vedettes rapides et de cachettes improvisées. Désormais, c’est une guerre d’intelligence, menée à coups de capteurs, de traitement de données et de détection algorithmique. La Marine nationale, en première ligne dans cette lutte, déploie des moyens technologiques de plus en plus complexes pour traquer les convois de drogue sur les mers. Un tournant stratégique s’est opéré : la donnée est devenue une arme.



Des frégates en réseau en mer et des drones, des hélicoptères et une détection ISR dans les airs

Le combat commence à bord des frégates de surveillance comme le Germinal ou le Ventôse. Ces bâtiments, armés pour la durée, sont le socle de l’action en mer. Leur rôle : détecter, suivre, intercepter. Chaque unité est équipée d’un ensemble de capteurs : radars, sonars, dispositifs électro-optiques, dont les flux sont intégrés en temps réel dans des systèmes C2 (command and control). Ces interfaces croisent les trajectoires, modélisent les comportements suspects, identifient des cibles à haut risque. À bord, un opérateur peut visualiser en une seconde une trajectoire de go-fast détectée 300 kilomètres plus tôt (selon des informations du Ministère des Armées, Études Marines, 2024).

Le ciel, lui aussi, est mis à profit. Les drones tactiques, déployés depuis les frégates ou depuis la terre, scrutent la surface maritime sur de longues distances. Dotés de caméras thermiques et d’IA embarquée, ils repèrent des embarcations minuscules évoluant en-dehors des routes commerciales. Les hélicoptères Panther et NH90, embarqués à bord des frégates, assurent la poursuite et la dissuasion.

Dans le reportage NARCOPS, qui sera diffusé le 13 juillet 2025 à 17h30 sur LCP dans le cadre du Journal de la Défense (JDEF), on pourra voir une équipe de commandos marine hélitreuillée sur une go-fast interceptée en pleine nuit. Ces scènes ne sont pas du cinéma : elles illustrent une réalité tactique. Le renseignement embarqué, ou ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), est aujourd’hui le bras armé de la Marine dans la lutte antidrogue. Réalisé par Yuri Maldavsky, ce film de 26 minutes propose une immersion exceptionnelle à bord de la frégate de surveillance Germinal, déployée dans les eaux des Caraïbes. L’équipe du JDEF a accompagné l’équipage pendant quinze jours en mer, documentant de l’intérieur les opérations de repérage, d’interception et de saisie de drogue.


L’intelligence artificielle embarquée au service de l’interception

Ce qui fait désormais la différence, ce n’est plus seulement la vitesse ou le calibre, mais la capacité à exploiter l’information. L’IA joue un rôle clé : elle permet de trier des milliers de signaux radar, de repérer une embarcation qui coupe ses communications, ou qui dévie légèrement de sa trajectoire prévue. « Nous croisons les données de trajectoires AIS, les anomalies météo et les profils suspects pour établir des zones probables de passage », explique un officier du Centre de planification opérationnelle (selon le magazine Cols Bleus). Grâce à ces analyses, les opérations sont plus ciblées, plus rapides et plus discrètes. Une saisie réussie, ce n’est pas une coïncidence : c’est une anticipation.

Cette technologie ne reste pas confinée à un navire. Elle est intégrée dans un réseau élargi : Douanes, Gendarmerie maritime, Forces armées en Guyane (FAG), et partenaires étrangers. Des plateformes partagées permettent d’échanger en temps réel les flux vidéo, les analyses d’images ou les données satellites. La frégate Ventôse, déployée dans les Antilles, reçoit les coordonnées suspectes depuis une base terrestre aux États-Unis ou en Guyane. C’est cette coopération technique, sécurisée et en temps réel, qui a permis la saisie de plus de 48 tonnes de drogue en 2024, d’une valeur estimée à 1,3 milliard d’euros.


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