La Marine mise sur les drones collaboratifs : les “big five” reçoivent les premiers contrats



Publié par Jehanne Duplaa le 12 Septembre 2025

La Marine américaine a attribué à Anduril, Lockheed Martin, General Atomics, Boeing et Northrop Grumman des contrats pour concevoir des drones collaboratifs de combat (« Collaborative Combat Aircraft », CCA), destinés à opérer depuis ses porte‑avions. Les engagements portent sur la conception conceptuelle et le système de contrôle commun, avec un objectif affirmé de coût unitaire faible, de certifications autonomes, et d’intégration rapide. Cet accord pourrait transformer la composition des forces navales d’ici la fin de la décennie.



Le 10 septembre 2025, la Marine américaine a officialisé (via une diapositive du Naval Air Systems Command, Programme exécutif pour l’aviation sans pilote et les armes de frappe, PEO U&W) l’attribution de contrats pour développer des CCA (Collaborative Combat Aircraft) à Anduril, Lockheed Martin, General Atomics, Boeing et Northrop Grumman selon DefenseNewsCes drones visent à compléter les avions pilotés, notamment depuis les porte‑avions, dans les missions de frappe ou d’appui maritime, en réduisant les risques humains et en renforçant les capacités opérationnelles.

Ce que prévoit exactement le contrat avec les cinq grands

Les contrats attribués couvrent la phase de conception conceptuelle pour les CCA : General Atomics, Boeing, Anduril et Northrop Grumman sont chargés de développer des prototypes conceptuels de drones aptes à opérer depuis un porte‑avions. Lockheed Martin, pour sa part, est responsable du système de contrôle commun, c’est‑à‑dire la plateforme d’autonomie et de gestion des drones, notamment via le projet MDCX de Skunk Works, précise Breaking Defense.

Le contrat exige que les drones soient 
modulaires, polyvalents et interopérables, capables de missions variées (surveillance, frappe, appui) depuis les porte‑avions de la Marine américaine. Ils doivent aussi minimiser l’emprise sur le personnel, en particulier par la réduction des risques humains. Le terme « force multipliers » est employé pour décrire leur rôle.

Coûts, durée de vie et caractéristiques opérationnelles attendues

Le coût unitaire visé pour un CCA est comparativement faible : la Marine souhaite un prix autour de 15 millions de dollars par drone pour en faire des plateformes quasi‑jetables, ou « consommables » selon les responsables, relève DefenseScoopIls ne prévoient pas une durée de vie sur plusieurs décennies, mais plutôt quelques centaines d'heures de vol, avec un faible nombre de lancements et d’appontages depuis les porte‑avions (les « cats and traps »).

Les drones CCA devront être lancés et récupérés depuis des porte‑avions, ce qui impose des contraintes techniques strictes : résistance aux cycles d’appontage/roulage, intégration avec le matériel de lancement, autonomie dans les procédures de décollage et récupération. 
Le calendrier envisagé prévoit une mise en service initiale (première itération) avant 2030, sous réserve de la réussite des phases de conception et de test.

Enjeux stratégiques, défis et perspectives

L’attribution de ces contrats s’inscrit dans une stratégie plus large des États‑Unis visant à moderniser la Marine et à compenser les défauts actuels, notamment le vieillissement des chasseurs embarqués (F/A‑18E/F) et le retard dans le remplacement par le futur F/A‑XX. Les CCA répondent à la nécessité d’étendre la portée opérationnelle des porte‑avions dans un contexte de menaces de plus en plus sophistiquées, notamment dans le Pacifique.

Toutefois, plusieurs défis sont majeurs : coûts de capteurs sophistiqués (radars, électro‑optique) peuvent s’avérer élevés, la durée de vie et la résilience face aux environnements marins, l’autonomie (y compris la commande et le contrôle), les contraintes logistiques liées aux porte‑avions. De plus, il faudra harmoniser les architectures entre Marine, Air Force et éventuellement les alliés, afin d’assurer interopérabilité et efficacité conjointe. 
La stratégie de faire des CCA “consommables” pourrait aider à limiter les risques financiers, mais pose des questions sur la durabilité opérationnelle dans un conflit prolongé.

 

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