Pourquoi la Marine nationale a-t-elle besoin du LMP ?
La Marine est confrontée à un environnement de menaces navales de plus en plus varié et agressif. En mer Rouge, par exemple, des flottes d’escorte ont dû engager « presque une centaine » de missiles SM-2 et SM-6 pour faire face à des vagues de drones et missiles, tandis que les Houthis auraient lancé « 300 à 350 drones et une centaine de missiles » depuis novembre 2023, selon les informations de Meta Defense.
Ce type de menace met en lumière deux déficits majeurs :
un surconsommation rapide de munitions « haut de gamme » (missiles antiaériens) rend difficile la permanence opérationnelle ; Meta-Defense.fr une incapacité à recharger certains systèmes embarqués (par exemple les lanceurs verticaux VLS) en mer, ce qui limite la résilience logistique.
Le LMP vient proposer une réponse plus proportionnée, à coût maîtrisé, et mieux adaptée aux plateformes variées de surface (patrouilleurs, frégates, etc.). Le concept est de permettre à chacune de ces unités d’avoir une « couche » d’autodéfense en champ proche, tout en réservant les missiles de longue portée à d’autres menaces.
Architecture, caractéristiques et calendrier du LMP
Le LMP est un système modulaire conçu pour embarquer différents types de munitions sur une tourelle légère, adaptée à des navires de surface variés. La documentation officielle de Naval Group précise que « le LMP dispose de modules munitions interchangeables et reconfigurables en fonction des besoins opérationnels ».
Caractéristiques techniques
Chaque tourelle couvre deux axes (azimut + élévation) et permet d’orienter le tir vers des cibles manoeuvrantes. Meta-Defense.fr+1
La plateforme modulaire accueille quatre « modules » de munitions, mesurant environ 60 centimètres de large et 2 mètres de long.
Le système est qualifié de « munitions-agnostique » : il peut utiliser aussi bien des roquettes de 68/70 mm (ex : de Thales) que des missiles tels que le Mistral 3 ou l’Akeron MP.
Une charge utile d’environ « 1000 kg » est évoquée pour le système. Calendrier et essais
Le démonstrateur a été déclaré « prêt au tir » le 5 novembre 2025.
La campagne d’essais à terre puis embarquée est prévue à partir de janvier 2026. Besoins de la Marine et intégration
Le système doit s’intégrer au système de conduite de combat (CMS) du navire, répondre à une cadence de tir suffisante pour contrer des attaques en essaim, et permettre un rechargement à la mer ou à quai. Dans ce contexte, Naval Group met en avant la reconfiguration modulaire, l’emport de munitions sur une variété de plateformes, et la réduction de la logistique.
Un point stratégique est la capacité « soft kill / hard kill » : traiter d’abord les menaces légères à coût modéré (roquettes, drones, USV) avant de mobiliser des interceptors coûteux.
Enjeux, défis et perspectives pour la Marine nationale et Naval Group
L’enjeu est double : opérationnel pour la Marine et industriel pour Naval Group.
Du côté de la Marine :
Le LMP devra démontrer qu’il peut effectivement couvrir jusqu’à « 8 km » en champ proche.
Il faut vérifier qu’il peut être embarqué sur différentes unités — patrouilleurs, frégates FDI, FREMM, bâtiments de soutien — tout en respectant contraintes de masse, volume et intégration système. Le rechargement en mer, mentionné comme objectif, reste techniquement délicat.
Du côté de l’industriel :
Le concept modulaire soulève des défis de compatibilité avec plusieurs familles de munitions et d’acteurs (Thales, KNDS, MBDA).
Le calendrier 2026 est contraint : réussir l’essai lanceur à terre puis en mer, puis passer à l’intégration sur navire. Tout retard risquerait de repousser la mise en œuvre opérationnelle.
L’export constitue une perspective forte : Naval Group vise un marché international avec un « lanceur unique, reconfigurable et munitions-agnostique ».