LMP : la Marine nationale testera le Lanceur Modulaire Polyvalent de Naval Group en 2026



Publié par Jehanne Duplaa le 12 Novembre 2025

En 2026, la Lanceur Modulaire Polyvalent (LMP) développé par Naval Group doit franchir un cap décisif : la campagne d’essais de la Marine nationale est prévue pour valider ce système innovant dans un contexte de menaces saturantes.



La Marine nationale prépare pour janvier 2026 l’expérimentation du Lanceur Modulaire Polyvalent (LMP), un lanceur conçu pour renforcer le champ de défense rapprochée navale. L’objectif est clair : offrir un système capable de faire face aux drones, aux engins de saturation et aux vecteurs légers, tout en répondant aux contraintes logistiques et opérationnelles modernes.

Pourquoi la Marine nationale a-t-elle besoin du LMP ?

La Marine est confrontée à un environnement de menaces navales de plus en plus varié et agressif. En mer Rouge, par exemple, des flottes d’escorte ont dû engager « presque une centaine » de missiles SM-2 et SM-6 pour faire face à des vagues de drones et missiles, tandis que les Houthis auraient lancé « 300 à 350 drones et une centaine de missiles » depuis novembre 2023, selon les informations de Meta Defense.
Ce type de menace met en lumière deux déficits majeurs :

un sur­consommation rapide de munitions « haut de gamme » (missiles antiaériens) rend difficile la permanence opérationnelle ; Meta-Defense.fr une incapacité à recharger certains systèmes embarqués (par exemple les lanceurs verticaux VLS) en mer, ce qui limite la résilience logistique.


Le LMP vient proposer une réponse plus proportionnée, à coût maîtrisé, et mieux adaptée aux plateformes variées de surface (patrouilleurs, frégates, etc.). Le concept est de permettre à chacune de ces unités d’avoir une « couche » d’autodéfense en champ proche, tout en réservant les missiles de longue portée à d’autres menaces.


Architecture, caractéristiques et calendrier du LMP

Le LMP est un système modulaire conçu pour embarquer différents types de munitions sur une tourelle légère, adaptée à des navires de surface variés. La documentation officielle de Naval Group précise que « le LMP dispose de modules munitions interchangeables et reconfigurables en fonction des besoins opérationnels ».
Caractéristiques techniques

Chaque tourelle couvre deux axes (azimut + élévation) et permet d’orienter le tir vers des cibles manoeuvrantes. Meta-Defense.fr+1

La plateforme modulaire accueille quatre « modules » de munitions, mesurant environ 60 centimètres de large et 2 mètres de long.

Le système est qualifié de « munitions-agnostique » : il peut utiliser aussi bien des roquettes de 68/70 mm (ex : de Thales) que des missiles tels que le Mistral 3 ou l’Akeron MP.

Une charge utile d’environ « 1000 kg » est évoquée pour le système. Calendrier et essais

Le démonstrateur a été déclaré « prêt au tir » le 5 novembre 2025.

La campagne d’essais à terre puis embarquée est prévue à partir de janvier 2026. Besoins de la Marine et intégration

Le système doit s’intégrer au système de conduite de combat (CMS) du navire, répondre à une cadence de tir suffisante pour contrer des attaques en essaim, et permettre un rechargement à la mer ou à quai. Dans ce contexte, Naval Group met en avant la reconfiguration modulaire, l’emport de munitions sur une variété de plateformes, et la réduction de la logistique.

Un point stratégique est la capacité « soft kill / hard kill » : traiter d’abord les menaces légères à coût modéré (roquettes, drones, USV) avant de mobiliser des interceptors coûteux.


Enjeux, défis et perspectives pour la Marine nationale et Naval Group

L’enjeu est double : opérationnel pour la Marine et industriel pour Naval Group.

Du côté de la Marine :

Le LMP devra démontrer qu’il peut effectivement couvrir jusqu’à « 8 km » en champ proche.

Il faut vérifier qu’il peut être embarqué sur différentes unités — patrouilleurs, frégates FDI, FREMM, bâtiments de soutien — tout en respectant contraintes de masse, volume et intégration système. Le rechargement en mer, mentionné comme objectif, reste techniquement délicat.


Du côté de l’industriel :

Le concept modulaire soulève des défis de compatibilité avec plusieurs familles de munitions et d’acteurs (Thales, KNDS, MBDA).

Le calendrier 2026 est contraint : réussir l’essai lanceur à terre puis en mer, puis passer à l’intégration sur navire. Tout retard risquerait de repousser la mise en œuvre opérationnelle.

L’export constitue une perspective forte : Naval Group vise un marché international avec un « lanceur unique, reconfigurable et munitions-agnostique ».


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