L'origine de l'intelligence économique (IE) italienne



Publié par Hubert De LANGLE le 12 Décembre 2018

Du point de vue historique, l'intelligence économique italienne trouve certainement son origine dans la réflexion française de Christian Harbulot, dont la méthodologie a été appliquée en Italie par le Cestudec, dans un monde articulé pour interpréter les relations internationales.



Déjà en 1989, Francesco Cossiga avait compris le rôle de la compétition économique du point de vue politique et comment cela aurait partiellement remplacé la compétition militaire et donc amené à des changements significatifs dans l’organisation des services de sécurité.
Selon Paolo Savona, Cossiga avait compris que les Français — en particulier au travers du Rapport Martre — avaient déjà obtenu des résultats dans le cadre de l’intelligence économique. Pour cette raison, et en réalité plutôt tardivement, Cossiga avait promu une commission spéciale sous la direction du général des carabiniers Roberto Jucci, (dont Savona faisait partie) qui visait à souligner le rôle de l’intelligence économique pour la sauvegarde de nos intérêts économiques.
Au-delà des différences de vue entre le Ministère des Finances et la Banque d’Italie au sujet de l’intelligence économique, Savona et le préfet Enzo Musino avec son collègue Gianni de Gennaro s’activèrent pour créer un programme de formation professionnelle en matière d’intelligence économique en collaboration avec Mario Caligiuri de l’Université de Calabre. Cependant, ce programme n’a pas eu d'impact significatif sur la sécurité économique italienne. 
À ce propos, l’essai de Emanuel Halby (Franco Angeli 2003), disciple de Christian Harbulot, sur l’intelligence économique avec l’introduction de Carlo Jean, représente une contribution absolument unique et originale dans le panorama italien : pour la première fois, il expose aux lecteurs la méthode originale et fructueuse de l’École de Guerre Économique de Paris. C’est seulement en 2011 que Carlo Jean et Paolo Savona écriront un essai sur l’intelligence économique (ed. Rubettino) qui représente une pierre angulaire pour la naissance de l’intelligence économique italienne.
À partir de 2013, le Cestudec, que j’ai le privilège d’avoir fondé en 2011 avec le Colonel Mario Pietrangeli, a publié la première version italienne du Rapport Martre qui représente l’acte de fondation de l’intelligence économique française. La même année, j’ai publié deux essais : l’un sur la guerre cognitive (ed. Fuoco) dans l’interprétation de l’École de Guerre Économique avec la préface de Carlo Jean et l’autre sur la naissance de l’intelligence économique française (ed. Aracne) avec la préface de Carlo Jean et Alessandro Politi auxquels je suis très reconnaissant.  

Giuseppe Gagliano et Christian Harbulot, à Milan (nov. 2018)
Depuis 2013, j’ai eu l’opportunité de publier une dizaine d’essais, de plus en plus exhaustifs et articulés, qui ont souligné le rôle central de la guerre économique et informationnelle et qui m’ont permis d’analyser la réalité internationale avec la méthode innovatrice et fructueuse d’Harbulot — dont je suis le disciple le plus influent en Italie — et de l’École de guerre économique.
Depuis 2016, avec l’aide de mon mentor Christian Harbulot et de mon ami Hubert de Langle, directeur de VA Éditions, j’ai eu la possibilité de publier en France ma première monographie en langue française sur la pensée d’Harbulot.
En novembre dernier, j’ai eu l’honneur de rencontrer Christian Harbulot à Milan, grâce à sa disponibilité et à la clairvoyance d’Ivan Rizzi, Président de l’Institut stratégique de Milan. Dans cet institut, Harbulot a envisagé la possibilité concrète de collaboration avec l’Italie pour la création d’une école européenne d’intelligence économique avec l’aide de l’éditeur italien De Agostini, lié au groupe espagnol Planeta.
La présence d’Harbulot à Milan représente sans doute un changement et une opportunité pour l’intelligence économique italienne de développer une méthode d’analyse innovatrice. 
Au-delà de la reconnaissance que mes écrits ont eue en France de la parte d’Harbulot et Moinet, en Italie de Carlo Jean, Virgilio Ilari, Mario Caligiuri, Laris Gaiser, Massimo Franchi et Aldo Giannuli, en Brésil de Charles Pennaforte et en Espagne de José Mateus, je crois que l’intelligence économique est un outil indispensable pour sauvegarder la souveraineté économique de chaque pays qui peut être seulement comprise dans le cadre de la guerre économique.
En effet, l’intelligence économique est un outil de la guerre économique qui est en place dans notre monde multipolaire. En conséquence, analyser l’intelligence économique en la séparant de la guerre économique est une erreur méthodologique inadmissible autant que penser à mettre en place un dispositif efficace d’intelligence économique sans avoir avant établi une souveraineté adéquate sur les plans économique et militaire.

Dans la même rubrique :