L’USAF a confirmé mercredi qu’elle renonçait à mettre sur pied le Independent Capabilities Command (ICC), qui devait être un commandement autonome dédié à la transformation des exigences d’avenir en nouveaux systèmes. Depuis février, l’ICC était annoncé comme le « pilier clé » d’une vaste « réoptimisation » de la force aérienne, visant notamment à mieux se préparer à un affrontement avec la Chine.
La décision s’explique en partie par les pressions du Congrès et par le changement de direction au Pentagone. Les législateurs souhaitaient davantage de détails sur la façon dont la réorganisation allait fonctionner. Par ailleurs, l’arrivée d’une nouvelle administration et d’un nouveau leadership du ministère de la Défense a levé les doutes sur la faisabilité et la pertinence de ce commandement séparé. Le général David Allvin, alors chef d’état-major de l’USAF et défenseur du programme, avait annoncé cet été un départ anticipé, dans un contexte de réticence grandissante vis-à-vis du projet.
Dans le communiqué officiel, le secrétaire de l’Air Force, Troy Meink, affirme que la restructuration « accélérera la délivrance de puissance de combat, améliorera l’efficience et raccourcira le calendrier décisionnel ». En conséquence, les fonctions prévues pour l’ICC seront désormais absorbées au sein d’Air Force Futures, qui sera restructurée d’ici avril prochain. Cette entité se verra dotée d’un nouveau poste de Chief Modernization Officer, chargé de quatre grands domaines : stratégie et conception de force, intégration des missions et des fils de missions, développement des capacités et priorisation des investissements.
Le remplacement de l’ICC par une structure interne plus légère ne signifie pas l’abandon des ambitions de modernisation. Au contraire, l’USAF affirme vouloir exploiter le travail déjà accompli sur l’ICC « pour couper les effectifs et éliminer les duplications à l’échelon des commandements ». Le changement devrait permettre de réduire le nombre d’étapes requises pour coordonner les structures de commandement et, selon la déclaration, d’agir avec plus de rapidité.
Cependant, certains observateurs s’interrogent sur le signal que ce recul envoie à l’industrie de la défense et aux partenaires internationaux. La création d’un nouveau commandement avait été perçue comme une montée en puissance claire de la capacité de l’USAF à innover et à anticiper. En l’abandonnant, la force aérienne pourrait donner l’impression d’un recentrage plus prudent, voire d’une crise de confiance dans sa propre transformation.
D’un point de vue budgétaire, aucune somme spécifique n’est mentionnée dans l’article publié par Defense News, mais le fait que l’USAF cherche à supprimer des doublons et à réduire les niveaux hiérarchiques laisse entendre un objectif d’économies et d’optimisation. Le contexte est d’autant plus pressant que l’USAF est engagée dans plusieurs programmes de next-generation, notamment avions, drones et systèmes spatiaux, dans un environnement stratégique de plus en plus tendu face à la montée en puissance de la Chine.
En conclusion, l’USAF opère un ajustement important dans sa stratégie de modernisation. Le projet d’ICC, ambitieux mais visiblement trop coûteux ou trop complexe, est remplacé par une intégration des fonctions dans une entité existante. Si cette décision peut être vue comme un gain en agilité, elle soulève aussi des interrogations sur la capacité de la force aérienne américaine à mener, sans structure dédiée, les transformations majeures qu’elle s’était fixées. Pour les fournisseurs, les alliés et les adversaires, le message est clair : l’USAF continue son modernisation, mais choisit désormais un chemin moins spectaculaire.