L’Otan déploie ses drones en mer Baltique pour contrer la menace sous-marine



Publié par Rédacteur le 27 Juin 2025

En mer Baltique, l’Otan expérimente une nouvelle arme invisible. Ni bombes, ni missiles : ce sont des essaims de drones, silencieux, agiles, et interconnectés. Une révolution navale s'opère loin des projecteurs.



L’Otan intensifie la surveillance de la mer Baltique avec des drones autonomes

Depuis le 5 juin 2025, l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) mène une opération stratégique baptisée Baltic Sentry pour sécuriser la mer Baltique. Cette initiative intervient après une série de sabotages de câbles sous-marins, et s’inscrit dans une réponse technologique aux menaces hybrides. Au cœur de cette opération, un dispositif inédit : la Task Force X, force expérimentale dédiée aux drones navals. Comme l’a précisé l’amiral Pierre Vandier, commandant suprême allié Transformation (SACT), lors du point presse du 26 juin 2025 : « Le but était de faire une expérimentation à échelle majeure pour démontrer qu’on pouvait faire des essaims de drones de surface », des propos rapportés par Ouest-France.

L’un des éléments centraux de cette expérimentation s’appuie sur le déploiement de quatre drones français embarqués à bord du bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain BSAM Rhône, selon Mer et Marine. Parmi eux, trois sont des USV (Unmanned Surface Vehicles) : le USV600 conçu par Couach, le Beluga développé par SeaOwl, et le Seaquest-S de Sirehna (Naval Group). Le quatrième, un drone aérien flottant, est un modèle léger de la société toulousaine Diodon. Ces engins sont utilisés pour détecter, surveiller et cartographier les menaces potentielles dans une zone critique, très fréquentée par les flottes russes et marquée par de récentes dégradations d’infrastructures sous-marines.


Une opération technologique à vocation multinationale

L’expérimentation, qui se déroule également depuis trois bases situées à Gniben (Danemark), Gotland (Suède) et Upinniemi (Finlande), mobilise une quarantaine de drones de surface ainsi qu’une trentaine d’objets aériens et sous-marins. Ces outils autonomes constituent une nouvelle ligne de défense pour les pays riverains de la Baltique. L’enjeu est double : valider un modèle de coordination robotique interalliée, et proposer un outil de surveillance mutualisable. Toujours sur Ouest-France, l’amiral Vandier envisage déjà la suite : « Si chacun des huit pays de la Baltique en achète dix, on a 80 drones qui vont opérer quasiment H24 ». Selon lui, cela permettrait de réduire significativement les coûts de maintien en condition opérationnelle.

L’un des objectifs non officiels de Baltic Sentry est d’observer les navires russes suspectés d’agir contre les câbles marins. À ce titre, les drones déployés ont capté des images d’un bâtiment militaire escortant un pétrolier de la « flotte fantôme » russe – ces navires opérant discrètement pour contourner les sanctions européennes sur les exportations d’hydrocarbures. Ces missions contribuent à renforcer la dissuasion en mer Baltique et à affiner les capacités d’alerte rapide. Car dans ce théâtre maritime, chaque donnée transmise, chaque itinéraire observé, peut révéler des intentions ou préparer des réponses adaptées.


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