Arminius, un méga-programme pour rééquiper la Bundeswehr
Selon Meta-Défense, Berlin prépare l’acquisition d’environ 1 800 véhicules blindés Boxer, via un contrat-cadre géant confié à ARTEC GmbH, la coentreprise réunissant Rheinmetall et KNDS Deutschland. Ce volume pourrait grimper à plus de 3 000 unités à terme, grâce aux options prévues.
L’enveloppe financière estimée – jusqu’à 40 milliards d’euros – fait de ce programme l’une des plus importantes commandes de blindés occidentaux du XXIᵉ siècle. La signature du contrat est considérée comme possible dès le premier ou le second trimestre 2026, ce qui placerait immédiatement l’industrie allemande en ordre de bataille pour une montée en cadence rapide.
La capacité de production annoncée par les industriels illustre l’ampleur du défi : atteindre une crête de deux à trois véhicules par jour. Le programme se déploie dans une perspective longue, au-delà de 2035, et s’inscrit dans une reconstruction générale de l’armée de terre allemande. Berlin veut en effet faire passer Das Heer de 62 000 à 150 000 militaires sur la même période, afin de redevenir une force crédible en haute intensité.
Une relance industrielle majeure et un enjeu stratégique pour l’Allemagne
Arminius n’est pas seulement un achat massif : il devient un pilier central de la réindustrialisation de la défense allemande. ARTEC, dominé à 64 % par Rheinmetall, porterait l’immense responsabilité d’assurer la production, l’intégration, les variantes et le soutien. KNDS Deutschland doit également absorber une part significative de cette charge.
Au-delà de l’outil industriel, c’est toute la structure militaire allemande qui doit s’adapter. Meta-Défense souligne l’ampleur du choc organisationnel : montée en puissance des effectifs, formation accélérée, renouvellement de l’ensemble de la chaîne logistique et remise à niveau de la maintenance.
L’autre enjeu est international : la cohérence du format allemand au sein de l’OTAN. Une Bundeswehr modernisée, disposant de milliers de véhicules communs, contribuerait directement au renforcement du pilier européen au sein de l’Alliance. Mais Berlin devra éviter les écueils habituels : dérapages calendaires, tensions industrielles, incohérences doctrinales.
Si l’Allemagne parvient à exécuter Arminius selon l’ambition affichée, elle pourrait redevenir la puissance terrestre de référence en Europe, en disposant d’une flotte de blindés moderne, homogène et produite sur un rythme industriel inédit depuis la Guerre froide.