JD.com devient le deuxième actionnaire de FNAC-DARTY : cas d'intelligence économique



Publié par La Rédaction le 24 Novembre 2025

Le géant chinois du e-commerce JD.com fait son entrée au capital de Fnac Darty à hauteur de 21,95 %, ce qui le propulse au rang de deuxième actionnaire derrière Daniel Kretinsky. Cette opération, d’un montant supérieur à 2,2 milliards d’euros, déclenche aussitôt l’examen du dossier par le ministère de l’Économie dans le cadre du contrôle des investissements étrangers (IEF), soulevant des enjeux de souveraineté culturelle et de protection des données clients.



Une prise de participation stratégique au cœur de la distribution française

Fnac in La Plaça de Catalunya in Barcelona, Spain - Wikimédia Commons
Avec cette opération, JD.com investit massivement dans le groupe Fnac Darty, acteur majeur de la distribution en France dans les secteurs de la culture, des loisirs et de l’électronique grand public. La participation de 21,95 % acquise via Ċeconomy place JD.com juste derrière Daniel Kretinsky, qui détenait 28,28 % via Vesa Equity. La transaction, supérieure à 2,2 milliards d’euros, révèle l’importance de l’enjeu pour le géant chinois, numéro trois de son secteur en Chine, qui entend étendre son influence au-delà des frontières asiatiques.

La France, quant à elle, se trouve devant une situation inédite : un acteur chinois majoritaire dans un distributeur culturel et technologique français. Le ministre de l’Économie, par l’intermédiaire du contrôle IEF, a donc été saisi du dossier. Selon l’entourage de Roland Lescure, le dossier IEF « a été déposé il y a quelques jours » et sera examiné « avec la plus grande rigueur et vigilance ».

Souveraineté culturelle, données clients et nouveaux équilibres

L’enjeu ne se limite pas à la simple répartition du capital. Comme l’a commenté l’ancien ministre de l’Économie Éric Lombard : « Fnac Darty, c’est de la souveraineté culturelle. C’est le premier vendeur de livres en France. C’est une institution culturelle française. »

Mais au-delà, c’est la question des données clients qui suscite une inquiétude forte. Fnac Darty possède près de 2 millions d’abonnés et dispose d’importantes informations sur les habitudes de consommation culturelle et technologique en France. JD.com, en entrant dans ce capital, pourrait avoir accès à ces données, dans un contexte où la loi chinoise sur le renseignement national de 2017 possède une portée extraterritoriale et pourrait imposer à une entreprise chinoise de fournir des données sensibles.

La France semble donc user de son contrôle IEF pour exercer une pression stratégique : l’État pourrait conditionner son autorisation à des engagements formels de JD.com, comme celui de ne pas accroître sa part ou de respecter les règles françaises. Cette entrée chinoise bouscule aussi l’équilibre capitalistique du groupe, confronté à la maison Kretinsky et à la nécessité de définir sa gouvernance dans ce nouveau contexte.

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