Haitham Ali Tabatabai éliminé : Israël frappe le cœur opérationnel du Hezbollah



Publié par Adélaïde Motte le 24 Novembre 2025

La mort de Haitham Ali Tabatabai, haut commandant militaire du Hezbollah tué le 23 novembre 2025 dans une frappe israélienne à Haret Hreik, marque un tournant tactique dans la confrontation entre Israël et le mouvement chiite libanais. Cette opération ciblée, revendiquée par Israël et condamnée par l’Iran, révèle l’intensification de la guerre de l’ombre menée contre les infrastructures stratégiques du Hezbollah. Son élimination pourrait modifier durablement l’équilibre des capacités militaires au Liban-Sud.



Une opération israélienne précise visant l’architecte de la reconstruction militaire du Hezbollah

La frappe israélienne réalisée en plein cœur de Beyrouth a neutralisé Haitham Ali Tabatabai, considéré par les services de renseignement comme l’un des cerveaux de la reconstitution des forces du Hezbollah depuis la fin de la guerre de 2023-2024. L’opération, menée dans un secteur hautement symbolique, a également causé la mort de cinq personnes et en a blessé vingt-huit selon le ministère libanais de la Santé. Ce type de frappe, en pleine zone urbaine dense, illustre la volonté israélienne de frapper un objectif prioritaire sans délai, malgré les risques politiques et humanitaires associés.

L’ampleur de la frappe confirme que Tabatabai était une cible majeure. Les États-Unis avaient d'ailleurs proposé une prime de cinq millions de dollars — soit environ quatre millions six cent mille euros — pour tout renseignement permettant son arrestation ou sa localisation. Israël soutient que l’homme supervisait la reconstitution des unités tactiques, la modernisation des systèmes de roquettes et la formation avancée de groupes paramilitaires au sud du Liban. En l’éliminant, l’armée israélienne vise clairement un effet structurel : affaiblir durablement la chaîne de commandement du Hezbollah dans une zone où le mouvement tente d’accroître sa capacité de dissuasion.

Une réaction violente du Hezbollah et de l’Iran, et un risque d’escalade tactique au Liban-Sud

Quelques heures après la frappe, le Hezbollah a officialisé la mort de son commandant, dénonçant une « attaque lâche » menée par Israël. Pour le mouvement chiite, Tabatabai était un cadre stratégique, impliqué dans la montée en puissance d’unités spécialisées, notamment dans la guerre de roquettes et les opérations asymétriques dans les zones frontalières. Le responsable Mahmoud Qmati a averti que « la frappe d’aujourd’hui ouvre la porte à une escalade d’attaques partout au Liban », une déclaration qui laisse entrevoir la pression interne exercée sur la direction militaire pour riposter et maintenir une image de puissance.

L’Iran, soutien logistique et doctrinal du Hezbollah, a immédiatement condamné un « crime de guerre » et évoqué une possible « confrontation directe » avec Israël en cas de poursuite des opérations ciblées. Cette fermeté s’inscrit dans la logique d’un axe Iran–Hezbollah qui cherche à préserver son dispositif régional malgré la perte d’un commandant de premier plan. Pour Israël, cette élimination constitue un signal clair : aucune figure stratégique du Hezbollah n’est à l’abri, y compris dans des zones réputées sécurisées. Mais pour les analystes militaires, l’enjeu réside désormais dans la manière dont le Hezbollah décidera de calibrer sa réponse, oscillant entre riposte ciblée et retenue tactique pour ne pas ouvrir un conflit de haute intensité dans un Liban déjà fragilisé.

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