Guerre informationnelle : la Chine utilise déjà l’IA



Publié par François Lapierre le 8 Aout 2025

L’intelligence artificielle n’est plus un outil d’anticipation stratégique pour Pékin : elle est déjà opérationnelle. Une enquête publiée dans The New York Times dévoile l’utilisation concrète d’IA par la Chine dans le cadre de campagnes d’influence et de surveillance à l’international, à travers l’entreprise technologique GoLaxy, étroitement liée à l’appareil d’État.



Le système GoPro : une IA conçue pour l'influence politique

GoLaxy, fondée par l’Académie chinoise des sciences et financée en partie par le géant étatique Sugon, a mis au point le système GoPro (Smart Propaganda System). Selon des documents internes obtenus par le Vanderbilt University’s Institute of National Security, cet outil suit en temps réel les opinions publiques, cible des individus sur les réseaux sociaux, et génère des contenus adaptatifs alignés sur les objectifs du Parti communiste chinois.

« La propagande générée par l’IA n’est plus une menace hypothétique. Elle est opérationnelle, sophistiquée et transforme déjà la manière dont l’opinion publique peut être manipulée à grande échelle », expliquent Brett J. Goldstein et Brett V. Benson cités par The New York Times.

Hong Kong, Taïwan, États-Unis : trois cibles

GoLaxy aurait déjà mené des opérations à Hong Kong, en identifiant 180 000 comptes pour minimiser l’opposition à la loi sur la sécurité de 2020, à Taïwan, en soutenant des messages anti-indépendantistes lors de la campagne électorale de 2024, aux États-Unis, où l’entreprise a constitué des profils virtuels sur 117 parlementaires, plus de 2 000 personnalités publiques et 4 000 influenceurs conservateurs.

GoLaxy ne se limite pas à surveiller : elle contre-attaque, notamment en amplifiant les messages favorables à Pékin (comme les déclarations d’Elon Musk sur le zéro Covid) via de faux comptes. L’objectif assumé est de « raconter l’histoire de la Chine, amplifier sa voix et étendre son influence », selon une expression figurant dans les documents internes. Ce système d’IA générative permet à la Chine de dépasser les modèles russes de désinformation de 2016 : plus de troll farms, mais un flux automatisé de contenus “ciblés, crédibles et indétectables”, selon les chercheurs. « GoLaxy est une entreprise profondément liée au complexe sécuritaire chinois. Elle bâtit des outils plus performants pour les opérations d’influence », souligne James Mulvenon, Pamir Consulting, dans The New York Times.

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