Un sous-marin russe frappé par un drone naval ukrainien au cœur d’un port stratégique
Le sous-marin visé appartient, selon les informations ukrainiennes, à la classe Varshavyanka, connue en Occident sous le nom de classe Kilo. Ces bâtiments, réputés pour leur discrétion acoustique, constituent un élément central de la flotte russe en mer Noire. Pourtant, malgré cette importance stratégique, le sous-marin aurait été frappé alors qu’il se trouvait à quai, dans une zone censée être étroitement sécurisée. Selon les services de sécurité ukrainiens, l’engin aurait subi des dommages qualifiés de critiques, le rendant hors service pour une période prolongée, comme l’a rapporté Reuters.
Cette attaque repose sur l’emploi d’un drone naval sous-marin, une capacité que l’Ukraine développe depuis plusieurs mois. D’après une déclaration officielle du SBU, « c’est la première utilisation de drone sous-marin comme arme d’attaque antinavire ». Le drone naval aurait pénétré discrètement dans l’enceinte portuaire avant d’exploser à proximité immédiate du sous-marin russe. Une telle opération illustre une évolution notable dans la conduite des actions navales ukrainiennes, combinant innovation technologique, renseignement précis et audace opérationnelle.
Le sous-marin russe et la défense du port de Novorossiïsk mis en défaut
Le port de Novorossiïsk, sur la côte orientale de la mer Noire, constitue l’un des principaux points d’appui de la marine russe depuis le redéploiement partiel de la flotte hors de Crimée. Le sous-marin touché se trouvait donc dans une zone considérée comme prioritaire pour la défense navale russe. Or, selon une analyse publiée par Business Insider, la Russie avait pourtant installé des barrières flottantes et des dispositifs de protection anti-drones à l’entrée du port. Malgré ces mesures, le drone naval ukrainien serait parvenu à franchir les défenses sans être intercepté.
Les autorités russes ont rapidement rejeté toute responsabilité ou perte. Le ministère russe de la Défense a affirmé qu’aucune perte ni aucun dommage n’avaient été subis par les navires ou sous-marins présents à Novorossiïsk. Cette version contraste avec plusieurs analyses indépendantes évoquant une explosion sous-marine à proximité immédiate du sous-marin. Cette divergence illustre la bataille de communication qui accompagne désormais chaque épisode du conflit, Moscou cherchant à préserver l’image de son outil militaire tandis que Kiev met en avant ses succès tactiques.
D’un point de vue militaire, la seule possibilité qu’un sous-marin russe ait été atteint dans un port fortifié constitue un signal fort. Même en l’absence de confirmation russe, l’opération met en évidence les limites des systèmes de protection portuaire face aux drones navals de nouvelle génération. Business Insider souligne que le drone naval aurait navigué dans « un port censé être fortement protégé avant d’exploser près du sous-marin ciblé ».
Sous-marin, drone naval et guerre technologique en mer Noire
Au-delà des dégâts matériels, la frappe contre ce sous-marin russe illustre l’intensification de la guerre technologique entre l’Ukraine et la Russie. Depuis 2023, Kiev a multiplié les attaques navales asymétriques, utilisant des drones navals de surface puis sous-marins pour compenser son infériorité en moyens conventionnels. L’attaque du 15 décembre 2025 marque une étape supplémentaire, car elle démontre la capacité ukrainienne à frapper des cibles submergées, longtemps considérées comme difficiles à atteindre.
Le drone naval utilisé pourrait être une version submersible du programme ukrainien Sea Baby, capable d’emporter une charge explosive significative. Les autorités ukrainiennes n’ont pas communiqué de chiffres précis sur la puissance de l’explosion, mais plusieurs experts estiment qu’une telle charge suffit à endommager gravement la coque d’un sous-marin à quai, notamment dans un environnement confiné comme un port.
Sur le plan stratégique, l’atteinte d’un sous-marin russe revêt une portée symbolique et opérationnelle. Ces bâtiments sont régulièrement utilisés pour lancer des missiles de croisière contre des infrastructures ukrainiennes. En neutralisant, même temporairement, un sous-marin, Kiev cherche à réduire la pression militaire tout en démontrant sa capacité d’innovation. Comme l’a souligné le SBU, cette opération est présentée comme un précédent historique dans l’emploi des drones navals.