Des négociations marquées par un dialogue jugé constructif par Washington et Moscou
Les négociations menées au Kremlin ont duré environ cinq heures, un chiffre confirmé par les informations rapportées par TF1info. Ce volume horaire inhabituel, dans un format bilatéral aussi tendu, illustre l’importance stratégique du moment. Durant cette session, les États-Unis ont insisté sur la nécessité de soutenir un processus diplomatique durable, car Washington estime que ces négociations constituent un levier indispensable pour freiner l’escalade militaire. À ce stade, les progrès évoqués par Washington restent fragiles, mais leur reconnaissance signale un tournant dans le positionnement américain.
Les Russes eux-mêmes ont admis un certain mouvement. Le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, a déclaré que « nous avons pu nous mettre d’accord sur certains points, d’autres ont suscité des critiques, mais l’essentiel est qu’une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts », selon TF1info. Cette phrase illustre la volonté affichée de maintenir le canal ouvert. Bien que la Russie ait refusé tout compromis sur les territoires ukrainiens, l’existence même d’un dialogue approfondi marque un changement par rapport aux mois précédents.
Des progrès limités mais reconnus par Washington
Washington estime avoir fait quelques progrès dans ces négociations, un constat relayé par plusieurs sources américaines. Le sénateur et secrétaire à la diplomatie Marco Rubio a souligné qu' « on avait fait quelques progrès » en matière de garanties de sécurité pour l’Ukraine, selon une dépêche AFP diffusée par Le Figaro. Ce choix de mots, prudent mais optimiste, reflète la stratégie américaine : avancer pas à pas, tout en évitant de présenter publiquement des concessions qui n’ont pas encore été validées par Kiev.
Ces progrès interviennent après une série d’entretiens préparatoires tenus en Floride entre représentants américains et ukrainiens. Là encore, les négociations ont été qualifiées de « très productives et utiles, où des progrès supplémentaires ont été réalisés », selon ABC News. Cette continuité diplomatique renforce la crédibilité du processus, car elle s'inscrit dans une séquence cohérente et coordonnée. Malgré ces signaux, Washington maintient une totale prudence, notamment parce que Moscou a réaffirmé qu’aucune concession territoriale n’était envisageable à ce stade.
Moscou persiste dans son refus de céder sur les territoires, malgré les progrès évoqués
Au cœur des négociations se trouve la question des territoires ukrainiens contrôlés par la Russie depuis février 2022. Le Kremlin a martelé qu’« aucune solution de compromis (sur les territoires) n’a encore été choisie, mais certaines propositions américaines peuvent être discutées », selon les propos de Iouri Ouchakov rapportés par TF1info. Ce blocage constitue l’obstacle majeur identifié par toutes les sources diplomatiques. Les discussions ont porté « sur le fond », mais « sans formulations concrètes » d’accord. Cette absence de texte structuré limite les marges d’interprétation et montre que les négociations avancent sans offrir de garanties tangibles.
De plus, selon les données rapportées par Le Monde, près de 19 % du territoire ukrainien demeure concerné par le différend. Ce chiffre, crucial, rappelle l’ampleur du litige territorial. Tant que Moscou considérera ces zones comme non négociables, la « fenêtre stratégique » évoquée par certains responsables américains restera étroite. Cependant, les États-Unis cherchent à contourner ce blocage en travaillant sur des options de sécurité, des zones démilitarisées temporaires ou des garanties de désescalade, ce qui permettrait d’entretenir la dynamique de progrès.
Moscou cherche à lier les négociations à des enjeux économiques
Un conseiller du Kremlin a déclaré au Moscow Times que « cela avait également été discuté à de nombreuses reprises lors des réunions précédentes », en référence au volet économique lié au processus. Cela montre que Moscou tente de lier les négociations politiques à une coopération commerciale ou financière avec Washington. Ce levier, souvent utilisé par la Russie dans les grands dossiers diplomatiques, vise à obtenir des concessions indirectes en échange de signaux d’ouverture.
Cette stratégie pourrait expliquer pourquoi Moscou accepte désormais des discussions prolongées. En reconnaissant un « processus sérieux » en cours, comme l’a mentionné Dmitri Peskov selon Courrier International, le Kremlin cherche à s’imposer comme un acteur incontournable dans la recomposition sécuritaire européenne. Washington, de son côté, estime que ces négociations restent essentielles pour contenir les ambitions russes, car chaque progrès technique facilite une future normalisation partielle. Ainsi, même s’il existe des divergences majeures, l’existence d’un dialogue de cinq heures démontre que Moscou a intérêt à garder la table ouverte.
Les États-Unis misent sur un cadre diplomatique élargi pour consolider les progrès annoncés
Avant les négociations avec Moscou, Steve Witkoff et Jared Kushner avaient mené des discussions intenses avec les représentants ukrainiens en Floride, aux côtés du secrétaire à la diplomatie Marco Rubio. Axios rapporte que ces discussions avaient porté principalement sur les frontières de fait entre l’Ukraine et la Russie en cas d’accord. Ce cadre américain vise à définir une ligne de sécurité minimale, même en l’absence d’un compromis territorial immédiat. Ces pourparlers ont également permis de coordonner les positions de Washington et Kiev, afin d’éviter toute divergence publique susceptible d’affaiblir le front diplomatique.
Les négociations actuelles tirent profit de cette préparation. Washington estime que les progrès enregistrés à Moscou, bien que modestes, résultent directement de ce travail préalable. La possibilité évoquée de garantir la sécurité ukrainienne à travers un accord partiel, sans résolution immédiate des frontières, constitue un changement significatif dans la mécanique diplomatique. Même si Moscou refuse de céder sur 19 % du territoire, la structuration d’un accord de sécurité représente un terrain de progrès réel.
Une stratégie américaine consistant à créer un rapport de forces diplomatique favorable
Dans ce contexte, Washington semble vouloir multiplier les niveaux de négociations pour renforcer la pression sur Moscou. Chaque entretien, qu’il se déroule en Europe, en Floride ou dans les capitales frontalières, contribue à construire un rapport d’influence qui accompagne les discussions officielles. Cette méthode, typique de la diplomatie américaine dans les conflits prolongés, permet de maintenir un équilibre entre contrainte et incitation.
D’ailleurs, le plan initial américain comprenait 28 points. Ce document volumineux sert de base technique pour catégoriser les positions russes et les points susceptibles d’être avancés. Même si Moscou a seulement examiné « dans les grandes lignes » ce plan, selon les mêmes informations, Washington utilise ce cadre pour identifier les zones où des progrès peuvent être revendiqués. L’expression « quelques progrès » prend alors tout son sens : elle indique un mouvement, même limité, dans un processus réputé immobile.