Grève chez Boeing : l’entreprise envisage de recourir à des sous-traitants



Publié par Jehanne Duplaa le 3 Octobre 2025

Depuis le 4 août 2025, Boeing est confronté à une grève menée par 3 200 ouvriers des sites de St. Louis, St. Charles (Missouri) et Mascoutah (Illinois), spécialisés dans la production d'avions de combat et de munitions militaires. Face à la persistance du conflit, l'entreprise active une stratégie de remplacement des grévistes par des sous-traitants, une décision qui soulève des enjeux industriels et sociaux majeurs.



Le 4 août 2025, plus de 3 000 ouvriers de Boeing ont entamé une grève après avoir rejeté une proposition de contrat incluant une augmentation salariale de 20 % sur quatre ans et une prime de 5 000 dollars. Les négociations ayant échoué, l'entreprise a activé son plan de gestion de crise, recrutant des ouvriers permanents et envisageant désormais de recourir à des sous-traitants pour maintenir sa production.


Une grève prolongée aux conséquences industrielles

La grève actuelle, qui dure depuis plus de deux mois, touche principalement les sites de St. Louis, St. Charles et Mascoutah, où sont fabriqués des équipements militaires tels que les F-15, F-18, le drone MQ-25 et le T-7 Red Hawk. Cette situation perturbe la production de ces systèmes d'armement, essentiels pour les forces armées américaines et leurs alliés.

Dan Gillian, responsable de la branche Boeing Air Dominance, a indiqué dans un mémo interne que, « au vu des actions de la direction du syndicat ces dernières semaines, cette grève pourrait continuer pendant des semaines et même des mois », rapporte BFMTV. Face à cette incertitude, Boeing a décidé d'élargir son plan de gestion de crise en recrutant des ouvriers permanents pour remplacer les grévistes et en identifiant les tâches pouvant être effectuées « plus efficacement par des tiers », c'est-à-dire des sous-traitants.

Le recours aux sous-traitants : une stratégie risquée

Le recours aux sous-traitants pour remplacer les grévistes soulève plusieurs questions. D'une part, cette décision permet à Boeing de maintenir sa production en cas de prolongation de la grève. D'autre part, elle peut entraîner des tensions supplémentaires avec le syndicat IAM-District 837, qui a déjà rejeté trois propositions de contrat depuis le début du conflit.

La situation rappelle la grève des machinistes de Boeing de 2008, où le recours à la sous-traitance avait été un point de friction majeur. À l'époque, Boeing avait accepté de réduire la sous-traitance sur les futurs avions, dont le 787 Dreamliner, pour mettre fin au conflit.


Impact économique et perspectives

La grève actuelle a déjà des conséquences financières importantes pour Boeing. Selon Dan Gillian, les grévistes ont perdu en moyenne 18 000 dollars en salaires non perçus, selon les informations de BFMTV. De plus, la production des équipements militaires est perturbée, ce qui peut affecter les contrats avec le gouvernement américain et les alliés internationaux.

Pour Boeing, la poursuite de la grève représente un défi majeur. L'entreprise doit jongler entre la nécessité de maintenir sa production et la volonté de ne pas aggraver les tensions avec le syndicat. Le recours aux sous-traitants, bien que temporairement efficace, pourrait avoir des conséquences à long terme sur les relations sociales au sein de l'entreprise.


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