France : un double commandement clé dans la Force de réaction de l’OTAN en 2026-2027



Publié par Jehanne Duplaa le 12 Décembre 2025

En 2026-2027, la France se verra confier une responsabilité stratégique majeure. Pour la première fois depuis la création de la nouvelle Force de réaction alliée, Paris dirigera simultanément les composantes terrestre et aérienne de ce dispositif central de l’OTAN, au cœur de l’architecture de dissuasion et de défense collective en Europe.



À partir du 1er juillet 2026, la France prendra officiellement le commandement de deux piliers essentiels de la Force de réaction de l’OTAN. Cette décision, validée après un processus de certification conduit fin 2025, s’inscrit dans un contexte sécuritaire marqué par le renforcement du flanc est de l’Alliance et par la transformation profonde de ses capacités de réaction rapide. Pour la France, cet engagement confirme une ambition militaire assumée et un savoir-faire reconnu dans la conduite d’opérations multinationales de haute intensité.

France et Force de réaction de l’OTAN : un commandement terrestre stratégique

La prise de commandement de la composante terrestre de la Force de réaction de l’OTAN par la France constitue un signal politique fort. En effet, depuis la mise en place de l’Allied Reaction Force, ou ARF, en 2024, l’Alliance a cherché à disposer d’une force plus réactive que l’ancienne NRF. Dans ce cadre, la France a été désignée pour piloter l’un des éléments les plus sensibles du dispositif. Cette responsabilité sera assumée par la 3e division française, une grande unité interarmes aguerrie aux engagements multinationaux, selon Forum Militaire.

Ainsi, la France devra être capable de coordonner des forces issues de plusieurs pays alliés, tout en garantissant une montée en puissance rapide. La composante terrestre de l’ARF repose sur une structure modulable, conçue pour être déployée entre cinq et trente jours selon le niveau de crise. Cette exigence impose une préparation rigoureuse, car la France devra conjuguer réactivité, interopérabilité et crédibilité opérationnelle. Par ailleurs, cette mission implique une capacité de commandement robuste, capable de passer d’un poste de commandement national à un poste de commandement OTAN, comme l’a souligné le général Éric Ozanne.

Dans ce contexte, la France s’appuie sur une structure humaine conséquente. La 3e division française regroupe environ 23 000 soldats, auxquels peuvent s’agréger jusqu’à 100 000 réservistes et renforts alliés dans un cadre multinational. Ce volume témoigne de l’ampleur de la tâche confiée à Paris. En outre, la France devra garantir la cohérence des manœuvres, la logistique et l’intégration des systèmes d’armes, éléments centraux pour une force de réaction crédible.


France et Force de réaction de l’OTAN : la maîtrise de la composante aérienne

En parallèle du commandement terrestre, la France assumera la direction de la composante aérienne de la Force de réaction de l’OTAN. Ce double rôle est rare au sein de l’Alliance et illustre la confiance accordée aux capacités françaises. La composante aérienne est essentielle, car elle assure la supériorité aérienne, le renseignement, le transport stratégique et l’appui aux forces au sol. Selon le communiqué officiel du ministère des Armées, cette mission repose notamment sur le Centre permanent de conduite des opérations aériennes, le CAPCODA, basé à Lyon-Mont Verdun, structure déjà rompue à la planification d’opérations complexes.

Afin de préparer cette échéance, la France a multiplié les exercices de grande ampleur. L’exercice Steadfast Dagger 2025 illustre cette montée en puissance. Conduit sous l’égide de l’OTAN, il a permis de tester les capacités françaises à planifier et conduire des opérations aériennes multinationales. Lors de cet entraînement, environ 150 aviateurs français ont été engagés. Le ministère des Armées souligne que ces exercices visent à garantir une capacité d’action « partout dans le monde ».

Ainsi, la France devra coordonner des moyens aériens alliés variés, allant des avions de chasse aux drones, en passant par les capacités de ravitaillement en vol et de transport stratégique. Cette responsabilité implique une parfaite interopérabilité des systèmes de commandement et de contrôle, mais aussi une capacité à opérer dans des environnements dégradés. De plus, la France devra intégrer les nouvelles exigences de l’OTAN en matière de défense aérienne et antimissile, un domaine devenu central depuis le retour des conflits de haute intensité sur le continent européen.


La France, la Force de réaction et la crédibilité opérationnelle de l’OTAN

Au-delà de la dimension strictement militaire, le rôle confié à la France au sein de la Force de réaction de l’OTAN revêt une portée stratégique plus large. En dirigeant simultanément deux composantes majeures de l’ARF, Paris renforce son poids politique au sein de l’Alliance. Cette responsabilité intervient dans un contexte où l’OTAN cherche à démontrer sa capacité à répondre rapidement à toute menace, qu’elle soit conventionnelle ou hybride. La certification finale de la France par l’OTAN, attendue fin 2025, conditionne l’entrée en fonction effective à l’été 2026.

Cette crédibilité repose également sur la capacité de la France à maintenir un haut niveau de préparation opérationnelle dans la durée. En effet, la période 2026-2027 exigera une vigilance constante, car la Force de réaction alliée est conçue pour être projetable « n’importe où, dans n’importe quelles conditions ».. La France devra donc garantir la disponibilité de ses forces, tout en poursuivant ses autres engagements internationaux.

Enfin, ce commandement s’inscrit dans une dynamique industrielle et capacitaire plus large. La France, déjà engagée dans le renouvellement de ses équipements terrestres et aériens, pourra valoriser son expertise doctrinale et technologique. Même si la mission de l’ARF n’est pas directement liée aux ventes d’armement, elle contribue indirectement à renforcer l’image de fiabilité des forces françaises et de leurs systèmes, un enjeu central pour l’industrie de défense nationale. Ainsi, le rôle de la France au sein de la Force de réaction de l’OTAN dépasse le cadre opérationnel et s’inscrit dans une stratégie globale de crédibilité, de dissuasion et d’influence.


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