Un détournement, une crise internationale et une mission jugée impossible
Le 27 juin 1976, un Airbus d’Air France reliant Tel-Aviv à Paris est détourné par un commando composé de deux membres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et de deux militants allemands de la Rote Armee Fraktion. L’avion est dirigé vers Entebbe, en Ouganda, alors dirigé par Idi Amin Dada, qui offre un soutien public aux ravisseurs.
Les otages sont retenus dans l’ancien terminal de l’aéroport. Aucun État occidental ne dispose alors de capacité de projection rapide pour ce type de crise : c’est précisément ce vide que l’opération Entebbe va combler. Les séparations pratiquées par les ravisseurs — isolant les otages israéliens et juifs — créent une pression politique et morale considérable sur Jérusalem.
Après plusieurs jours de négociations stériles, Israël prépare une action militaire d’une audace totale : un raid commando à 4 000 km de son territoire, sur un aéroport gardé par des soldats ougandais et des terroristes armés.
Une planification d’une précision chirurgicale et un raid resté dans l’histoire
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1976, quatre avions Hercules C-130 décollent en direction de l’Ouganda. Ils transportent l’unité d’élite Sayeret Matkal, appuyée par des équipes médico-militaires et des ingénieurs du génie pour neutraliser les obstacles sur les pistes.
Les commandos débarquent dans le noir, à bord d’un véhicule réplique de la limousine d’Idi Amin — une ruse destinée à déstabiliser les gardes. En moins de trois minutes, les terroristes qui surveillent les otages sont neutralisés.
Le reste est une course contre la montre : sécuriser le terminal, évacuer les otages, détruire plusieurs MiG-17 et MiG-21 ougandais pour empêcher toute poursuite aérienne, puis redécoller. Toute l’opération dure environ 90 minutes.
Résultat :
102 otages libérés,
un seul commando israélien tué (Yonatan Netanyahou, frère du futur Premier ministre),
un succès stratégique majeur pour Israël.
L’efficacité, la vitesse d’exécution et la précision du raid font d’Entebbe une référence mondiale. L’opération devient un cas d’école dans toutes les armées occidentales.
Pourquoi Entebbe est l’acte fondateur des forces spéciales modernes
Entebbe marque une rupture : jamais une opération de contre-terrorisme n’avait été menée aussi loin, avec une préparation aussi complète et une coordination aussi poussée entre renseignement, aviation, commandos et diplomatie.
Elle établit plusieurs standards qui définissent encore les forces spéciales actuelles :
capacité de projection longue distance,
intégration complète du renseignement opérationnel,
précision chirurgicale dans la neutralisation des menaces,
extraction rapide d’otages en zone hostile,
synchronisation entre unités disparates en temps réel.
Les armées du monde en tireront des leçons majeures.
Les États-Unis créeront la Delta Force trois ans plus tard.
Le Royaume-Uni renforcera les prérogatives du SAS.
La France élargira les missions de son GIGN et professionnalisera davantage ses unités d’intervention.
Entebbe n’a pas seulement sauvé des otages : elle a façonné ce que nous appelons aujourd’hui les forces spéciales modernes, capables d’opérer discrètement, loin, vite — et souvent là où nul autre ne peut intervenir.