Dette française : un taux à 4,5 % qui menace la souveraineté budgétaire



Publié par Adélaïde Motte le 2 Septembre 2025

Le taux d’intérêt de la dette française à 30 ans a franchi le seuil de 4,5 % pour la première fois depuis 2011. Une évolution qui bouleverse la stratégie budgétaire et pose de nouvelles questions de souveraineté financière, alors que les dépenses de défense et les enjeux d’intelligence économique se trouvent directement concernés.



La hausse des taux d'intérêts de la dette, un signal financier inquiétant

Le 2 septembre 2025, la dette française à 30 ans a dépassé 4,50 %, après 4,42 % la veille et 4,45 % en clôture. Derrière cette hausse rapide se cache une inquiétude plus large : les investisseurs exigent une prime de risque accrue pour financer Paris, signe d’une confiance en recul. Aurélien Buffault, gérant obligataire chez Delubac AM, y voit « un signe très négatif de défiance ».

L’enjeu n’est pas seulement budgétaire mais stratégique. Plus la charge de la dette augmente, plus l’État dépend des marchés internationaux pour couvrir ses besoins. Ce levier financier peut devenir un outil de pression sur la souveraineté française, notamment si les marges budgétaires pour financer la défense ou l’innovation stratégique s’amenuisent.

Conséquences pour la défense et l’intelligence économique

La trajectoire budgétaire s’en trouve bouleversée : en 2024 déjà, la charge d’intérêt représentait 2,1 % du PIB contre 1,3 % en 2020 (Fipeco). Si cette tendance se poursuit, elle risque de concurrencer directement les crédits alloués à la modernisation des armées, aux grands programmes d’armement et aux politiques de soutien technologique. Chaque hausse de taux déplace l’équilibre entre dépenses de souveraineté et service de la dette.

À l’échelle internationale, la France se rapproche désormais de l’Italie en termes de perception de risque, un signal qui inquiète les analystes. Dans un contexte de compétition géopolitique et d’instabilité stratégique, perdre du crédit auprès des marchés signifie aussi affaiblir sa crédibilité économique et militaire. L’intelligence économique le rappelle : la dette n’est pas qu’une contrainte comptable, c’est un facteur de puissance ou de vulnérabilité.

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