Désinformation : la Chine vise le Rafale, selon un rapport américain



Publié par Jehanne Duplaa le 21 Novembre 2025

Un rapport américain récent allègue que la Chine a lancé une campagne de désinformation ciblée pour discréditer le chasseur français Dassault Rafale, bouleversant ainsi les équilibres commerciaux et stratégiques de l’aéronautique de défense.



Le 18 novembre 2025, la U.S.–China Economic and Security Review Commission (USCC) a remis au Congrès américain un rapport accablant : selon ce document, la Chine aurait orchestré une vaste campagne de désinformation contre le Rafale. Face à cette révélation, les enjeux dépassent désormais les performances aériennes pour toucher la dimension narrative et commerciale.

Une narration hostile : comment la Chine aurait mené sa campagne de désinformation

La Chine, affirme le rapport, a profité de l’affrontement entre l’Inde et le Pakistan du 7 au 10 mai 2025 (opération dite Opération Sindoor) pour orchestrer une campagne d’ingérence informationnelle. Le document indique que Pékin a utilisé « de faux comptes sur les réseaux sociaux » et des « images générées par IA ou issues de jeux vidéo » montrant des débris supposés de Rafale abattus pour miner la réputation de l’avion français, explique La Tribune.

Le rapport ajoute que ce travail de sape visait à « entraver les ventes d’avions français Rafale au profit de ses propres J-35 » (Shenyang J-35A) et qu’il visait en particulier des marchés stratégiques comme celui de l’Indonésie.

Par ailleurs, la Chine est citée comme ayant fourni près de 82 % des importations d’armes du Pakistan entre 2019 et 2023, ce qui renforce le contexte dans lequel s’inscrit cette campagne, selon Valeurs actuelles.

Dans ce cadre, la Chine serait allée au-delà de la vente d’armement : « Selon les services de renseignement français, la Chine a lancé une campagne de désinformation pour entraver les ventes de Rafale français au profit de ses propres J-35, et elle a utilisé de faux comptes sur les réseaux sociaux pour diffuser des images issues d’IA ou de jeux vidéo montrant de prétendus “débris” d’avions que son armement aurait détruits », selon le rapport.


Pourquoi la désinformation devient-elle centrale dans la guerre industrielle du Rafale ?

L’exportation du Rafale ne relève plus seulement de critères techniques ou opérationnels mais aussi de la maîtrise des récits — la désinformation y joue un rôle structurant. En atteste le constat selon lequel « le Rafale est désormais visé non seulement sur le plan opérationnel, mais aussi dans les récits médiatiques ».

Le document de l’USCC note également que durant l’opération Sindoor, la Chine a présenté plusieurs de ses systèmes (HQ-9, PL-15, J-10) comme ayant prouvé leur valeur réelle — et a ensuite exploité cette mise en scène pour décrédibiliser les adversaires et leurs alliés.

Dans ce contexte, la désinformation s’impose comme un levier de puissance douce : elle vise à influencer les perceptions de ministères de la Défense, d’alliances et de clients étrangers. Dès lors, la lutte technologique autour du Rafale se couple à une bataille d’influence.

Conséquences stratégiques et enjeux pour la France et ses alliés

Pour la France, l’impact de cette campagne supposée est double : industriel et stratégique. D’un point de vue industriel, nuire à la réputation du Rafale équivaut à freiner les commandes et à affaiblir l’offre française dans un segment compétitif. D’un point de vue stratégique, cela affaiblit l’image de la France comme fournisseur de défense fiable — et donc de partenaire stratégique.

Parmi les cas cités, l’Indonésie est mentionnée : le rapport affirme que des responsables de l’ambassade de Chine « ont persuadé l’Indonésie d’interrompre une commande de Rafale » déjà en cours.

En réponse, la France et ses alliés doivent désormais intégrer la notion de désinformation dans leur stratégie de défense et d’exportation : la protection des systèmes sensibles inclut la gestion des récits et des perceptions. Selon un communiqué du ministère français de la Défense, « il ne s’agit plus uniquement d’informer ou de désinformer » mais d’« anticiper les effets concrets de la désinformation dans les conflits modernes ».


Dans la même rubrique :