Démission de Sébastien Lecornu : une crise politique qui secoue aussi la Défense française



Publié par Jean-Baptiste Le Roux le 6 Octobre 2025

Nommé le 9 septembre, Sébastien Lecornu n’aura passé que quelques semaines à la tête du gouvernement. Sa démission surprise, acceptée par Emmanuel Macron le 6 octobre, ouvre une période d’incertitude politique et stratégique. Ce départ rapide ne bouleverse pas seulement l’équilibre gouvernemental : il remet aussi en question la continuité de la politique de Défense française.



Une démission aux répercussions politiques immédiates

Moins d’un mois après sa nomination, Sébastien Lecornu quitte Matignon. Sa démission, acceptée par Emmanuel Macron, provoque une onde de choc politique et fragilise la stratégie de Défense nationale. Wikipedia

Le départ du Premier ministre plonge l’exécutif dans une situation inédite. Emmanuel Macron se retrouve contraint de nommer en urgence un nouveau chef de gouvernement, moins d’un mois après avoir confié Matignon à Sébastien Lecornu. Cette succession d’échecs à former une équipe stable souligne la fragilité du paysage parlementaire et la difficulté à dégager une majorité cohérente.

À peine son gouvernement annoncé, Lecornu a fait face à une tempête politique. Plusieurs figures de la droite, pourtant associées au projet, ont dénoncé une composition jugée trop "macroniste". La nomination de Bruno Le Maire au ministère des Armées a cristallisé les tensions, perçue comme un signal de continuité plutôt que de rupture. En interne, Les Républicains ont menacé de se retirer du gouvernement, provoquant l’effondrement de l’équilibre fragile sur lequel reposait la nouvelle majorité.

En acceptant la démission de son Premier ministre, Emmanuel Macron tente d’éteindre l’incendie, mais le mal est profond. À gauche comme à droite, les appels à la dissolution de l’Assemblée nationale ou à la démission du Président se multiplient. Le Rassemblement national plaide pour un retour rapide aux urnes, tandis que La France insoumise réclame une motion de destitution. Le pays se retrouve une nouvelle fois dans un climat d’instabilité institutionnelle.


Une rupture préoccupante pour la Défense française

Sébastien Lecornu n’était pas un Premier ministre comme les autres : il était jusqu’à récemment ministre des Armées, figure clé du secteur de la Défense. Son départ brutal laisse derrière lui une série de dossiers stratégiques ouverts. La Loi de programmation militaire 2024-2030, qu’il avait pilotée, prévoit un effort budgétaire historique de 413 milliards d’euros. Or, sans chef de gouvernement solide pour arbitrer les priorités, son application risque d’être ralentie.

La Défense française entre ainsi dans une phase de flottement. Plusieurs chantiers — modernisation des équipements, coopération avec l’Allemagne sur le char du futur MGCS, ou développement de la dissuasion nucléaire — nécessitent une direction politique claire. Le départ de Lecornu crée un vide à la fois administratif et stratégique, au moment où la France cherche à affirmer son rôle dans la sécurité européenne.

Ce déséquilibre inquiète aussi les partenaires internationaux. Lecornu entretenait des relations étroites avec ses homologues européens et de l’OTAN, consolidant la position française au sein des alliances militaires. Son absence risque de brouiller la continuité diplomatique, alors que les tensions internationales s’intensifient et que la France redéfinit sa présence au Sahel et son soutien à l’Ukraine.

Enfin, au sein même des armées, cette démission crée un sentiment d’incertitude. Lecornu avait initié plusieurs réformes internes, notamment sur le statut des militaires et la montée en puissance opérationnelle. Son départ brutal, sans relais identifié, pourrait provoquer un ralentissement décisionnel et affecter le moral des troupes, très attachées à la stabilité politique du commandement civil.


Dans la même rubrique :