Défense : l'Allemagne prête à tripler ses dépenses militaires



Publié par Jean-Baptiste Le Roux le 19 Mai 2025

L'Allemagne amorce un virage historique dans sa politique de Défense. En écho aux appels de Washington et aux tensions géopolitiques mondiales, Berlin envisage désormais de porter ses dépenses militaires à 5 % de son PIB. Ce choix marque une rupture avec la tradition de retenue militaire allemande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.



Une volonté d’autonomisation militaire affirmée

L'Allemagne est prête à tripler ses dépenses de Défense. Pixabay

L’Allemagne, longtemps perçue comme prudente sur les questions de Défense, prépare une montée en puissance spectaculaire de ses capacités militaires. Actuellement, Berlin consacre environ 2,1% de son PIB à ses forces armées. Mais les ambitions sont désormais bien plus élevées. L'objectif affiché : tripler presque cet effort pour atteindre les 5% du PIB.

Cette perspective s’inscrit dans une dynamique plus large de réévaluation des priorités stratégiques européennes. Le nouveau chancelier Friedrich Merz a clairement annoncé sa volonté de faire de l'Allemagne "la première puissance militaire conventionnelle d’Europe". Pour y parvenir, le gouvernement prévoit d’injecter plusieurs centaines de milliards d’euros dans la modernisation de son armée. L’Allemagne entend ainsi renforcer son autonomie stratégique, tout en assumant un rôle de leader sécuritaire sur le continent.

Les incitations venues des États-Unis ne sont pas étrangères à cette accélération. Le message porté par l’administration américaine, y compris sous l'impulsion de figures comme Donald Trump, est limpide : les membres de l’OTAN doivent accroître significativement leur contribution à la sécurité collective.


Une Europe en phase avec les ambitions allemandes

Le projet allemand trouve un écho favorable chez plusieurs partenaires européens, notamment en France. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué la possibilité d’augmenter aussi l’effort militaire tricolore. Bien que Paris vise plus modestement une fourchette de 3 à 3,5% du PIB, la tendance est clairement à l’alignement sur une vision plus exigeante en matière de Défense.

Au-delà des dépenses strictement militaires, la réflexion européenne s’étend à d’autres aspects de la sécurité, comme la cybersécurité, les infrastructures ou encore la logistique militaire. Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a proposé un double objectif : 3,5% du PIB pour la défense directe, et 1,5% pour les dépenses liées à la sécurité au sens large. Cette approche intégrée séduit particulièrement les pays encore en retard sur les objectifs initiaux, comme l’Espagne ou l’Italie.

Ces annonces traduisent un changement de paradigme. L’Europe semble entrer dans une ère où la sécurité devient une priorité structurelle. Et dans cette transformation, l’Allemagne, longtemps en retrait, entend jouer un rôle moteur. Les prochaines années seront décisives pour juger si cette volonté politique se traduit concrètement sur le terrain militaire.


Dans la même rubrique :