Défense européenne : France et Allemagne assurent à elles deux presque la moitié de l’effort militaire de l’UE



Publié par Jean Baptiste Giraud le 2 Décembre 2025

Les budgets européens de défense continuent de s’envoler, mais un élément ressort nettement : l’Europe de la défense repose avant tout sur deux piliers, l’Allemagne et la France. D’après les données publiées par l’Agence européenne de défense (AED), ces deux pays concentrent près de 44 % des dépenses militaires totales de l’Union en 2024, soit 150 milliards d’euros sur 343,2 milliards.



 

Dans un contexte où la guerre en Ukraine depuis bientôt trois ans, et la recomposition des alliances, obligent les Européens à renforcer leur posture stratégique, cette réalité pèse lourd dans les équilibres politiques et industriels du continent. Sans la France et l'Allemagne, l'Europe n'existerait tout simplement pas militairement ! 

 

 
L’Allemagne, premier investisseur militaire de l’Union

 

 

Avec 90,6 milliards d’euros, l’Allemagne est aujourd’hui le principal financeur de la défense européenne.

C’est une rupture nette par rapport au début des années 2010, où Berlin assumait un rôle plus marginal. Le réarmement allemand, enclenché après 2022, la propulse désormais au premier rang en volume budgétaire.

 

 
La France maintient un effort élevé et stable

 

 

La France arrive en deuxième position, avec 59,6 milliards d’euros.

Si l’écart avec l’Allemagne est significatif, la France demeure la première puissance militaire opérationnelle de l’Union et la seule dotée de la dissuasion nucléaire, ce qui renforce l’importance de son budget.

 

France et Allemagne financent à eux seuls quasiment un euro sur deux dépensés en Europe : un rapport de force qui influence directement les programmes capacitaires communs, les arbitrages industriels et les priorités stratégiques de l’UE.

 

 
L’Italie dépasse la Pologne : la hiérarchie des puissances européennes

 

Contrairement à une idée reçue, la Pologne n’est pas le troisième pays européen en dépenses militaires, malgré un réarmement massif et des annonces répétées d'achat d'équipement. 

 

Le classement réel selon l’AED est le suivant :

 

Allemagne – 90,6 Md€

France – 59,6 Md€

Italie – 32,7 Md€

Pologne – 31,9 Md€

Espagne – 22,7 Md€

 

L’Italie, traditionnellement discrète sur le plan stratégique, se hisse légèrement devant la Pologne.

Mais Varsovie reste la puissance militaire à la croissance la plus rapide, ce qui pourrait modifier le classement dans les années à venir. Par ailleurs, les dépenses ne font pas tout : Les chiffres de l'AED ne sont pas redressés en fonction de la PPA, parité de pouvoir d'achat. Ni non plus en fonction du PIB !

Si l'on se basse sur la part des dépenses dans le PIB, alors, le classement n'est plus du tout le même : 
Pologne 4,1% du PIB Estonie 3,4 % Lettonie 3,3 % Grèce 3,1 % Finlande 2,3 % France 2,05 % Allemagne 1,9 % Italie 1,6 % Espagne 1,5 %

 
Cinq pays portent près de 70 % de l’effort européen

 

Néanomoins, une chose est certaine : les cinq premiers budgets totalisent 237,5 milliards d’euros, soit plus des deux tiers de la défense européenne.

 

Derrière ce noyau dur, la majorité des États membres restent très en retrait : 14 pays dépensent chacun moins de 5 milliards d’euros, dont certains sont sous la barre des 2 milliards, évidement en raison de leur taille. Mais c'est un fait : quand on a 5, ou 2 milliards d'euros à investir dans sa défense, on ne peut pas acheter beaucoup de matériel ni non plus solder beaucoup de combattants...

 

Cette concentration révèle un déséquilibre structurel :

l’ambition d’une défense européenne crédible dépend largement de la volonté de quelques capitales, avant tout Berlin et Paris.

 

 
Une Europe sous pression stratégique

 

 

Entre 2020 et 2025, les dépenses militaires de l’UE auront pratiquement doublé, selon l’AED. Même corrigée de l’inflation, l’augmentation reste spectaculaire.

 

Les raisons sont connues :

 

amplification du risque russe,

incertitudes sur la garantie américaine,

nécessité de renouveler des capacités vieillissantes,

pression de l’OTAN pour accroître les budgets.

 

Dans ce paysage, la montée en puissance allemande redéfinit les équilibres en Europe, tandis que la France tente de maintenir un niveau d’expertise et de projection cohérent avec son rôle international.


Dans la même rubrique :