Cybersécurité : les attaques DDoS atteignent un niveau de puissance inédit



Publié par Aurélien Lacroix le 18 Novembre 2025

La dernière attaque DDoS record bloquée par Azure ne constitue plus une exception, mais le symptôme d’un phénomène global : la fréquence, l’intensité et la sophistication des attaques explosent. Pour les entreprises, l’enjeu dépasse la simple cybersécurité et devient une question stratégique de continuité d’activité.



Un nouveau record pour un attaque DDoS

Le 24 octobre 2025, une attaque DDoS d’une puissance inédite a visé un point de terminaison public d’Azure en Australie. Si l’attaque attire l’attention par ses chiffres impressionnants, elle illustre surtout une tendance lourde : la montée constante des volumes d’attaque. Face à cette tendance, les entreprises doivent anticiper un effet de contagion dans l’ensemble de l’internet, car chaque nouvelle attaque sert de référence aux attaquants pour renforcer leurs capacités.

L’attaque bloquée par Azure révèle une dynamique de croissance continue des attaques volumétriques. « Le 24 octobre 2025, Azure DDoS Protection a automatiquement détecté et atténué une attaque multivectorielle mesurant 15,72 Tbps et près de 3,64 milliards de paquets par seconde », a détaillé Sean Whalen selon Microsoft. Ce chiffre représente un nouveau seuil dans l’histoire des attaques DDoS, mais son apparition rapide après d’autres offensives massives démontre une accélération du rythme. Les cybercriminels disposent désormais de volumes de bande passante qui n’avaient jamais été mobilisés à cette échelle dans le passé.

La multiplication des attaques de cette ampleur ne doit rien au hasard. L’usage de plus de 500 000 adresses IP dans cette attaque, selon BleepingComputer, confirme que les botnets modernes disposent d’une base opérationnelle plus large que jamais. L’attaque d’Azure atteint 15,72 Tbps, mais d’autres opérations récentes ont déjà approché ou dépassé 10 Tbps. Cette poussée régulière démontre que les cybercriminels exploitent systématiquement la capacité croissante des réseaux domestiques et professionnels, rendant l’anticipation plus difficile pour les entreprises qui doivent désormais penser en termes de résilience à très haute volumétrie.

IoT, bande passante et automatisation : les moteurs d’une intensification continue

L’un des enseignements majeurs de cette attaque réside dans l’origine du botnet. L’Aisuru botnet, identifié par Security Affairs comme un dérivé de Turbo Mirai, repose sur une armée d’objets connectés compromis. Cette expansion incontrôlée de l’IoT, combinée à des configurations par défaut vulnérables, constitue depuis plusieurs années la principale source de croissance des botnets. « Ces rafales soudaines d’UDP comportaient très peu de falsification d’adresses et utilisaient des ports sources aléatoires, ce qui a simplifié le traçage », a précisé Sean Whalen selon BleepingComputer. Cela prouve que les groupes d’attaquants peuvent générer des attaques massives sans sophistication extrême : il leur suffit désormais de disposer d’un large vivier d’appareils exposés.

Cette dynamique s’accélère également grâce à l’augmentation des capacités réseau sur l’ensemble du territoire. Microsoft note que « les attaquants évoluent au même rythme que l’internet lui-même ; à mesure que la fibre se généralise et que les appareils IoT gagnent en puissance, la taille des attaques augmente ». Cette tendance transforme profondément l’environnement de risque pour les entreprises, car les attaques ne reposent plus uniquement sur des opérations ciblées, mais sur des masses de trafic brutes capables de saturer des infrastructures pourtant dimensionnées pour des volumes importants. L’équation à résoudre est donc claire : moins un système est préparé à absorber des pics extrêmes, plus sa vulnérabilité augmente face à une menace désormais structurée et abondante.

Un nouveau cadre d’anticipation des risques pour les entreprises

L’épisode Azure de 2025 doit être interprété comme un signal d’alerte pour les entreprises. L’attaque, qui n’a entraîné aucune interruption pour le client final grâce à Azure DDoS Protection selon CyberSecurityNews, montre ce que peut accomplir une infrastructure mondialement distribuée. Cependant, la plupart des organisations n’ont pas accès à une densité de réseaux comparable. L’attaque prouve que les volumes de trafic malveillant évoluent plus vite que les pratiques de défense adoptées par les entreprises. Il devient indispensable de revoir les plans de continuité d’activité en intégrant des scénarios DDoS bien supérieurs aux standards des années précédentes.

Pour les dirigeants, l’enjeu n’est plus seulement de contrer une attaque, mais d’anticiper un environnement où les assauts massifs deviennent la norme. L’augmentation de la bande passante mondiale, la démocratisation des accès très haut débit et l’explosion du parc IoT créent une dynamique où chaque organisation, quelle que soit sa taille, peut devenir la cible d’une attaque volumétrique capable d’affecter durablement ses opérations.


 

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