European Council, Wikimedia Commons
Côté russe, Kirill Dmitriev apparaît comme un interlocuteur clé, à la fois en raison de sa proximité personnelle avec Vladimir Poutine – via des liens familiaux par son épouse – et de son rôle d’intermédiaire de confiance depuis les années 2010. Il avait déjà été impliqué dans des canaux officieux avec l’équipe Trump lors du premier mandat, ce qui en fait un acteur rodé à ce type de diplomatie parallèle. Côté américain, le choix de faire porter le dossier presque exclusivement par Steve Witkoff traduit la marginalisation du Département d’État, tenu à distance d’un processus piloté par le cercle rapproché du président. Cette configuration renforce le caractère bilatéral, personnalisé et peu institutionnel des échanges, au détriment des procédures diplomatiques classiques et de la coordination avec les alliés européens. Le texte prévoit notamment la cession de territoires supplémentaires dans le Donbass, une réduction drastique des capacités militaires ukrainiennes et l’absence de troupes étrangères sur le sol ukrainien après-guerre, en échange de garanties de sécurité américaines et d’un cadre de normalisation avec Moscou. Dès le 20 novembre, à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères réagissent avec un mélange de politesse diplomatique et de forte réserve.
Un plan négocié en coulisses entre Washington et Moscou
Selon Axios et plusieurs médias américains, le document en 28 points s’articule autour de quatre blocs : paix en Ukraine, garanties de sécurité, architecture de sécurité européenne et relations USA–Russie. Le projet prévoit que l’Ukraine cède à la Russie des portions du Donbass qu’elle contrôle encore – soit environ 14 à 15 % de son territoire actuel – et accepte une limitation durable de la taille et des capacités de son armée, notamment en renonçant aux armes à longue portée. En parallèle, les États-Unis s’engageraient à considérer toute nouvelle attaque majeure russe contre l’Ukraine comme une menace pour l’ensemble de la communauté transatlantique, sur le modèle d’une clause de type Article 5.
Le plan, porté par l’envoyé spécial Steve Witkoff côté américain et préparé avec des interlocuteurs russes, prévoit aussi l’absence de troupes étrangères – qu’elles soient américaines, de l’OTAN ou européennes – sur le territoire ukrainien après la fin des hostilités. En contrepartie, Moscou bénéficierait d’un allègement progressif des sanctions et d’une réintégration dans l’économie mondiale, tandis que Kyiv recevrait une aide massive à la reconstruction financée en partie par des avoirs russes gelés. Ces paramètres alimentent immédiatement le procès d’un texte jugé très favorable à la Russie dans plusieurs capitales européennes.
Le plan, porté par l’envoyé spécial Steve Witkoff côté américain et préparé avec des interlocuteurs russes, prévoit aussi l’absence de troupes étrangères – qu’elles soient américaines, de l’OTAN ou européennes – sur le territoire ukrainien après la fin des hostilités. En contrepartie, Moscou bénéficierait d’un allègement progressif des sanctions et d’une réintégration dans l’économie mondiale, tandis que Kyiv recevrait une aide massive à la reconstruction financée en partie par des avoirs russes gelés. Ces paramètres alimentent immédiatement le procès d’un texte jugé très favorable à la Russie dans plusieurs capitales européennes.
À Bruxelles, une mise au point des capitales européennes
Réunis à Bruxelles le 20 novembre, les ministres des Affaires étrangères de l’UE découvrent un plan dont ils n’ont été informés qu’après les fuites médiatiques. La Haute représentante Kaja Kallas résume la position commune : « Pour qu’un plan fonctionne, il faut les Ukrainiens et les Européens à bord », rappelant qu’aucune concession russe claire n’apparaît dans les éléments connus du texte.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, insiste sur la nature de la paix recherchée : « Les Ukrainiens veulent la paix, mais une paix juste qui respecte la souveraineté, pas une capitulation face à une agression future. » À Varsovie, le chef de la diplomatie polonaise Radosław Sikorski rejette catégoriquement toute restriction imposée aux capacités de défense ukrainiennes, rappelant que « l’Ukraine est la victime » et qu’il serait incohérent de limiter l’armement de Kyiv alors que Moscou ne fait l’objet d’aucune contrainte équivalente.
À Berlin, Johann Wadephul et d’autres responsables allemands parlent d’un « cadre d’idées » encore flou, mais jugé « trop favorable à Moscou » en l’état. Ils soulignent n’avoir pas été officiellement associés à la rédaction et appellent à intégrer, dès l’origine, les positions européennes et ukrainiennes. Côté britannique, des sources diplomatiques rappellent le principe « Nothing about Ukraine without Ukraine » – et, par extension, sans l’Europe – soulignant la surprise de Londres face à l’ampleur des concessions envisagées.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, insiste sur la nature de la paix recherchée : « Les Ukrainiens veulent la paix, mais une paix juste qui respecte la souveraineté, pas une capitulation face à une agression future. » À Varsovie, le chef de la diplomatie polonaise Radosław Sikorski rejette catégoriquement toute restriction imposée aux capacités de défense ukrainiennes, rappelant que « l’Ukraine est la victime » et qu’il serait incohérent de limiter l’armement de Kyiv alors que Moscou ne fait l’objet d’aucune contrainte équivalente.
À Berlin, Johann Wadephul et d’autres responsables allemands parlent d’un « cadre d’idées » encore flou, mais jugé « trop favorable à Moscou » en l’état. Ils soulignent n’avoir pas été officiellement associés à la rédaction et appellent à intégrer, dès l’origine, les positions européennes et ukrainiennes. Côté britannique, des sources diplomatiques rappellent le principe « Nothing about Ukraine without Ukraine » – et, par extension, sans l’Europe – soulignant la surprise de Londres face à l’ampleur des concessions envisagées.
Entre sécurité européenne et recomposition du lien transatlantique
Derrière la critique de la méthode – un texte négocié principalement entre Washington et Moscou – se profile une inquiétude plus large : un accord imposé, perçu comme une capitulation de Kyiv, pourrait fragiliser durablement la sécurité européenne en envoyant le signal qu’une agression armée massive peut être finalement récompensée. Plusieurs responsables pointent le risque d’un précédent pour d’autres conflits en Europe ou à sa périphérie.
Les « garanties de sécurité » évoquées par le plan, bien que présentées comme un filet de protection pour l’Ukraine et l’Europe, restent pour l’instant imprécises et ne s’appuient sur aucune présence militaire européenne ou de l’OTAN sur le terrain. Cette ambiguïté contraste avec les dynamiques à l’œuvre sur le continent : comme nous l’analysions dans notre article sur la volonté américaine de voir Berlin jouer un rôle central dans la direction de l’OTAN en Europe, Washington pousse déjà les Européens – et l’Allemagne en particulier – à assumer davantage la charge de leur sécurité, tout en conservant la main sur les grands paramètres stratégiques.
Les « garanties de sécurité » évoquées par le plan, bien que présentées comme un filet de protection pour l’Ukraine et l’Europe, restent pour l’instant imprécises et ne s’appuient sur aucune présence militaire européenne ou de l’OTAN sur le terrain. Cette ambiguïté contraste avec les dynamiques à l’œuvre sur le continent : comme nous l’analysions dans notre article sur la volonté américaine de voir Berlin jouer un rôle central dans la direction de l’OTAN en Europe, Washington pousse déjà les Européens – et l’Allemagne en particulier – à assumer davantage la charge de leur sécurité, tout en conservant la main sur les grands paramètres stratégiques.