Brouillard de guerre : à Pokrovsk, la météo tourne à l’avantage de Moscou



Publié par La Rédaction le 12 Novembre 2025

Les intempéries qui frappent l’Est de l’Ukraine ont cloué au sol les drones ukrainiens, ouvrant une brèche tactique que les forces russes exploitent avec méthode. Dans la région de Donetsk, la bataille de Pokrovsk s’enlise dans la boue et le brouillard, mais la Russie avance.



Le ciel ferme, le front s’ouvre

image ENDERI

Depuis plusieurs jours, Pokrovsk, bastion stratégique de la ligne de défense ukrainienne dans la région de Donetsk, est balayée par des conditions climatiques extrêmes : pluies froides, bourrasques et brouillard épais paralysent les opérations aériennes. Pour l’armée ukrainienne, la perte temporaire de ses drones, essentiels pour repérer, cibler et corriger les tirs d’artillerie, constitue un handicap majeur. Sans cette vision d’ensemble, les unités au sol agissent presque à l’aveugle, incapables d’anticiper les mouvements ennemis ou de frapper efficacement leurs concentrations de troupes.

Les forces russes, elles, n’ont pas tardé à exploiter cette faiblesse. Profitant de l’absence de surveillance aérienne, elles multiplient les offensives localisées, avançant parfois de quelques centaines de mètres par jour. Moscou affirme avoir conquis la localité de Sukhyi Yar, au sud de Pokrovsk, un gain encore non confirmé par Kiev, mais qui illustre la dynamique du moment. Dans cette guerre où la technologie a souvent dicté le tempo, la météo redonne soudain l’avantage à la masse et à la mobilité, transformant la boue et la brume en alliées du Kremlin.


Une guerre de terrain, sous le signe de l’hiver

Les témoignages venus du front décrivent des combats d’une intensité croissante malgré les intempéries. Les blindés patinent, les pistes d’approvisionnement se transforment en bourbiers, et les soldats ukrainiens se battent dans des conditions extrêmes. Pendant ce temps, les troupes russes avancent par vagues successives, à pied, en véhicules légers ou sur motos, adaptant leur tactique à un terrain devenu impraticable pour les machines lourdes. Leur objectif semble clair : profiter de cette fenêtre météo avant que les températures chutent davantage et que la glace ne fige les lignes.

Cette progression, bien que limitée, inquiète Kiev. Pokrovsk n’est pas seulement une position militaire ; c’est une porte vers l’arrière-pays du Donbass. Sa chute ouvrirait un nouveau front menaçant pour les défenses ukrainiennes déjà étirées à l’extrême. Alors que le brouillard efface les repères et brouille la frontière entre stratégie et survie, la bataille de Pokrovsk rappelle une vérité vieille comme la guerre : parfois, c’est le ciel, plus que les canons, qui décide du sort des hommes.


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