Boeing ratifie un accord social majeur après une grève de 101 jours



Publié par Jehanne Duplaa le 14 Novembre 2025

Un accord social a été ratifié chez Boeing — après plus de 100 jours de grève, près de 3 200 employés d’usines de matériels militaires ont approuvé un nouveau contrat. Cet accord marque la fin d’un conflit social majeur qui avait paralysé des lignes stratégiques de production aéronautique.



Le conflit opposant les salariés de la division défense de Boeing à leur direction s’est conclu le 13 novembre 2025, lorsque les ouvriers ont accepté un accord social après plus de trois mois de grève. Depuis le cœur industriel de St Louis, cette mobilisation inédite avait placé Boeing au centre d’un affrontement social rare dans l’aéronautique militaire, révélant l’ampleur des tensions accumulées autour des conditions de travail et des perspectives salariales.


Origines de la grève et enjeux de l’accord social

Le jeudi 4 août 2025, plus de 3 200 employés représentés par le syndicat International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM) (District 837) ont quitté leurs postes dans plusieurs sites du groupe Boeing dans la région de St Louis (Missouri) et Mascoutah (Illinois), annonçait Reuters.
Les revendications portaient principalement sur une revalorisation salariale, de meilleures contributions aux retraites et des primes de ratification.

La grève a duré 101 jours, selon les syndicats, ce qui en fait l’un des arrêts de travail les plus longs de l’histoire récente de Boeing dans cette division.

Pour la direction de Boeing, cette grève a perturbé la production d’avions de combat (notamment les F-15 et F/A-18) et d’autres programmes militaires, une issue d’exploitation sensible dans le contexte de défense, relève AP News.


Les principaux termes de l’accord et sa ratification

L’accord proposé et finalement ratifié par les employés comporte plusieurs points clés :

Une augmentation générale des salaires de l’ordre de 24 % sur la durée du contrat (cinq ans) ;

Un bonus de ratification de 6 000 dollars (≈ 5 500 € au taux actuel) par salarié ;

Une hausse du salaire de base moyen passant d’environ 75 000 dollars (≈ 69 000 €) à 109 000 dollars (≈ 100 000 €) par année ; Un contrat de cinq ans, et la garantie que tous les grévistes seront réintégrés sans perte d’emploi.


Le vote de ratification a été approuvé à 68 % des voix, selon les chiffres rapportés par STLPRL’accord met un terme à la grève et permet la reprise du travail dès le 17 novembre, selon le calendrier de retour annoncé.


Contexte opérationnel et enjeux industriels

La division Défense de Boeing est stratégique : elle assemble des avions et munitions pour l’armée américaine, ce qui ajoute une dimension sensible au conflit social. La grève est intervenue moins d’un an après un précédent arrêt de travail chez Boeing dans sa branche civile (33 000 salariés en 2024), ce qui a recyclé la pression sociale dans l’entreprise, selon The Guardian.

Pour Boeing, l’enjeu était double : d’une part garantir la continuité des chaînes d’assemblage militaires, d’autre part maîtriser les coûts salariaux et préserver sa compétitivité.

Pour les syndicats, il s’agissait de profiter de la dynamique post-2024 pour obtenir de meilleures conditions, notamment en matière de pension et de participation aux bénéfices — même si l’accord final ne couvre pas tous les points revendiqués initialement.

Sur le plan économique, l’augmentation de salaire et le bonus intégrés dans l’accord constituent un surcoût important pour Boeing. Ainsi, l’impact direct sur ses marges pourrait être notable, d’autant que le contexte global de l’aéronautique reste serré.

Enfin, cet accord mediatise la capacité des ouvriers de l’aéronautique militaire à faire pression efficacement. Il pourrait constituer un précédent pour d’autres contrats de défense ou secteurs industriels sensibles.

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