Un missile de croisière défini par logiciel, calibré pour les missions de demain
La société américaine Anduril dévoile sa nouvelle gamme de missiles de croisières, low cost, faciles à produire. Barracuda-M se décline en plusieurs formats afin d’adresser des profils de mission variés. Les versions 100M, 250M et 500M partagent une même logique d’architecture, mais diffèrent par la taille, la portée et la charge utile. Cette standardisation permet de choisir la bonne enveloppe sans repartir d’une feuille blanche. Elle facilite aussi la qualification et la maintenance sur le terrain.
La famille Barracuda-M vise des performances de croisière ambitieuses. La portée annoncée dépasse 500 milles nautiques. L’endurance excède 120 minutes de vol. La charge utile franchit le seuil des 45 kilogrammes. La manœuvrabilité atteint 5 G. Les propulsions par turboréacteur et moteurs aérobies ouvrent la voie à des profils de vol variés, de la frappe de proximité à l’action à distance. Le tout est piloté par une pile logicielle qui permet d’adapter les comportements et les modes de mission à l’évolution des menaces, sans refonte matérielle lourde.
Au-delà des performances, le contexte stratégique dicte l’urgence. Les arsenaux de munitions à guidage de précision peuvent s’épuiser vite en cas de conflit majeur. Les chaînes actuelles, complexes et dépendantes de matériaux spécialisés, peinent à suivre. Barracuda-M a été conçu pour renverser ce paradigme : même standard, même logique d’assemblage, et une capacité à passer de la maquette à la série sans rupture.
Arsenal : l’usine programmable va démultiplier la production de missiles
La clé de voûte industrielle s’appelle Arsenal, la plateforme de fabrication définie par logiciel d’Anduril. Son principe : intégrer toutes les étapes, de la conception à la production de masse, en s’appuyant au maximum sur des composants du commerce. Cette approche réduit la complexité, accélère les cycles et améliore la résilience d’approvisionnement. Elle autorise aussi des réaffectations rapides de ressources selon la situation opérationnelle, un atout en période de tension.
L’effort s’incarne déjà dans des moyens physiques. Anduril possède à Atlanta un site d’environ 17.000 m² dédié aux process industriels : fabrication additive, composites, impression 3D. Les ingénieurs y développent, reproduisent et adaptent les sous-systèmes avec des itérations rapides. En parallèle, l’entreprise a levé 1,5 milliard de dollars en série F pour bâtir Arsenal-1, une installation de plus de 1,5 million de mètres carrés, calibrée pour produire des dizaines de milliers de systèmes autonomes par an. L’ambition est claire : soutenir à grande échelle les besoins de la Défense.
Barracuda-M tire parti de cette base industrielle pour faire baisser les coûts et simplifier l’assemblage. L’architecture revendique jusqu’à 50% de pièces en moins, 95% d’outillage en moins et des coûts réduits d’environ 30% par rapport aux missiles de croisière traditionnels. Moins de références, moins d’outils spécialisés, plus de flexibilité : autant de leviers pour multiplier rapidement les lignes, y compris dans des secteurs non défense comme l’automobile ou l’électronique grand public.
La modularité complète ce tableau. Les sous-systèmes de Barracuda-M sont conçus pour être remplacés ou améliorés sans bouleverser la ligne. Nouvelles charges utiles, capteurs, liaisons de données ou algorithmes : les mises à niveau s’insèrent dans le flux. Cette agilité maintient la pertinence opérationnelle du Barracuda-M face à des menaces mouvantes, tout en conservant la cadence. En réunissant logiciel, industrialisation et standardisation, Anduril propose avec Barracuda-M une voie crédible vers le missile de croisière abordable et massifiable.