Après la Russie, quelle Union européenne ?



Publié par La Rédaction le 9 Mai 2022

Intégrer l’Ukraine ? Renforcer nos sanctions ? Importer de l’énergie ? quel est l’avenir de l’Union européenne alors que la guerre est à ses portes ?
Ministre estonien des Affaires étrangères et eurodéputé du groupe Renew Europe, Urmas Paet vient de publier « De spectateur à acteur » (VA Éditions). Il y appelle à l’unification de l’Union européenne avant qu’il ne soit trop tard face aux puissances concurrentes. La consigne est claire : la politique étrangère de l’Union européenne doit passer à la vitesse supérieure, et devenir enfin un réel acteur sur l’échiquier.



Nous cherchons encore des moyens pour faire stopper la guerre en Ukraine, la diplomatie est-elle encore réellement envisageable ?

La diplomatie seule n'est pas une option face à une dictature qui ne respecte pas le droit international et les droits humains.
 
L'Ukraine, qui se défend, doit recevoir tout ce dont elle a besoin - des avions et des armes à la nourriture et aux médicaments. L'argent européen destiné au gaz et au pétrole ne doit plus servir à financer la machine de guerre russe. L'UE doit également reconsidérer son attitude envers les pays qui font l'éloge de la guerre de la Russie en Ukraine.

Avant la guerre en Ukraine il était déjà difficile pour l’UE de faire front commun contre la Russie. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’UE arrivera-t-elle à s’accorder sur ses futures relations avec la Russie ?

Les États membres de l'UE ont fait preuve d'unité depuis le début de l'agression de la Russie contre l'Ukraine. Il y a eu quelques obstacles sur la route mais globalement l'UE a agi de manière plus unifiée et plus rapide que par le passé. L'UE et les États membres ne peuvent plus se permettre d'être naïfs à l'égard de la Russie et c'est dans l'intérêt de la paix en Europe que nous devons pouvoir nous mettre d'accord sur nos actions futures à l'égard de la Russie. Une chose doit être claire. Si la Russie ne change pas de comportement, nous ne pouvons pas faire de concessions. Au contraire, nous devons proposer des sanctions plus strictes.

L’UE pourrait-elle se passer radicalement des énergies russes ou notre dépendance est trop importante pour envisager de changer de partenaire ?

Même si cela n'est pas possible du jour au lendemain, nous devons nous efforcer d'atteindre cet objectif. La diversification de notre approvisionnement énergétique a été la stratégie officielle de l'UE en matière de politique énergétique et la situation actuelle ne fait que souligner davantage cette nécessité.
 

Considérant la menace que représente la Russie, l’UE va-t-elle revoir sa politique d’agrandissement ?

L'UE doit envoyer un signal fort aux pays qui sont prêts à respecter nos valeurs européennes, pour leur montrer que nous les voulons avec nous. En ce sens, je suis tout à fait favorable à l'octroi à l'Ukraine du statut de candidat à l'adhésion à l'UE, car cela constituerait une confirmation importante des intentions futures de l'UE. Ce serait également un soutien moral pour le peuple ukrainien, qui souffre de l'agression russe. De même, la Géorgie et la Moldavie ont récemment demandé à intégrer l'Union européenne. Elles méritent également d'être rassurées d'une certaine manière. Mais ces choses fonctionnent dans les deux sens. Par exemple, la Serbie devrait être déchue de son statut de pays candidat à l'UE en raison de ses positions pro-russes et pro-Poutine.
 

Ministre estonien des affaires étrangères de 2005 à 2014 et eurodéputé Renew Europe, Urmas Paet a écrit "De spectateur à acteur, Passage à la vitesse supérieure de la politique étrangère de l'UE" (VA Éditions)



Traduit de l'anglais par Camille Chevolot.

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