Alerte maximale en Pologne : le réseau ferroviaire sous surveillance renforcée



Publié par Jehanne Duplaa le 19 Novembre 2025

La Pologne a déclenché le niveau d’alerte 3 « CHARLIE » sur une partie de son réseau ferroviaire, après une série de sabotages attribués à des agents téléguidés par Moscou. Cette décision marque un durcissement inédit des mesures de protection et souligne la pression sécuritaire croissante pesant sur les infrastructures critiques du pays.



Le 18 novembre 2025, la Pologne a relevé son dispositif de sécurité en appliquant une alerte de niveau 3 sur plusieurs tronçons de son réseau ferroviaire, une mesure rare décidée après des attaques ciblées contre des voies stratégiques. Ce relèvement du niveau d’alerte intervient dans un climat de tension régionale, alors que Varsovie affirme avoir identifié des acteurs liés aux services russes derrière ces opérations clandestines.

Une Pologne sous pression sécuritaire accrue

La Pologne a basculé dans un régime de vigilance renforcée après une série de sabotages qui ont vivement préoccupé le gouvernement, lequel a jugé nécessaire de relever l’alerte sur le réseau ferroviaire. Selon Onet Wiadomościle Premier ministre Donald Tusk a annoncé l’activation du troisième niveau d’alerte CHARLIE-CRP sur certaines lignes, expliquant qu’il signerait « le règlement correspondant ». Cette mesure s’appuie sur une analyse des risques établie par l’Agence de sécurité intérieure (ABW) et le ministère de l’Intérieur, selon Gazeta Prawna, lesquels ont officiellement recommandé ce relèvement après avoir évalué les intentions hostiles identifiées.

Le déclenchement du niveau 3 est défini comme la réponse obligatoire à des signaux attestant d’une intention d’attaque contre la Pologne ou ses infrastructures critiques. À cet égard, les autorités soulignent la gravité des actes recensés : une charge de type C-4 avait été placée sur une voie stratégique reliant Warsaw à Lublin, un dispositif déclenché à distance par un câble électrique d’environ 300 mètres, d’après Polskie Radio. Bien que l’ensemble du pays ne bascule pas dans l’alerte maximale, Donald Tusk a précisé que le reste du territoire demeurerait au deuxième niveau d’alerte. Cette distinction, toutefois, ne minimise pas la sensibilité des zones placées sous le régime CHARLIE.


Sabotages ciblés et réseau ferroviaire sous tension

Le réseau ferroviaire polonais, essentiel tant pour la mobilité civile que pour les flux logistiques militaires, a été la cible directe de deux actions spectaculaires. D’après le Warsaw Business Journal, deux citoyens ukrainiens travaillant pour les services russes auraient saboté des infrastructures sur la ligne Warszawa-Dorohusk. Ces attaques, menées avec précision, ont causé d’importants dégâts matériels et mis en danger des centaines de passagers. L’un des trains touchés transportait 475 passagers, selon la même source, et a dû effectuer un arrêt d’urgence après la découverte d’un élément métallique placé sur les rails et la détérioration liée au sabotage.

Le Premier ministre a résumé la situation en affirmant que dans les deux cas recensés, il s’agissait « d’actes intentionnels visant à provoquer une catastrophe ferroviaire ». Ces propos traduisent la conviction des autorités que les opérations ne relèvent pas d’initiatives isolées mais s’inscrivent dans une stratégie hostile plus large. Les enquêteurs ont d’ailleurs établi des connexions transnationales, reliant ces agents au renseignement russe. Ce faisceau d’indices a justifié l’escalade des mesures de protection envisagées par Varsovie.


Un dispositif d’alerte renforcé et des conséquences durables

La mise en place du niveau d’alerte 3 a été accompagnée de mesures précises visant à sécuriser l’ensemble du réseau ferroviaire placé sous surveillance. Selon Caliber, l’alerte est entrée en vigueur à minuit et concerne les lignes exploitées par PKP Polskie Linie Kolejowe ainsi que par PKP Linia Hutnicza Szerokotorowa. Cette décision restera applicable jusqu’au 28 février 2026, illustrant la volonté du gouvernement de stabiliser durablement la situation sécuritaire. Ce cadre prorogé oblige les opérateurs ferroviaires à instaurer des contrôles supplémentaires, à surveiller les installations sensibles et à renforcer la coopération avec les forces de sécurité.

Dans ce contexte, les implications judiciaires sont également lourdes. Le ministre de la Justice, cité par TVP World, a rappelé que les auteurs présumés risquaient des peines allant de dix ans de prison à la réclusion à perpétuité. Ce rappel vise autant à souligner la fermeté des autorités qu’à prévenir toute tentative de reproduction de ces actes contre le réseau ferroviaire. Les actes de sabotage n’ont pas seulement pour effet d’interrompre le trafic : ils menacent des vies, fragilisent la stabilité nationale et peuvent impacter les mouvements militaires transitant par la Pologne, notamment dans un contexte de tension régionale.


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