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L’enjeu de la 5G pour Huawei




Publié par Michel Roy le 19 Décembre 2018

Orange s’ajoute à la liste des opérateurs qui, pour des raisons de sécurité, ne feront pas appel à Huawei pour développer la 5G. Résultat d’une résistance à la stratégie d’influence chinoise conduite par les États-Unis ? Inquiétudes quant à des risques potentiels d’espionnage électronique ? Quelques éléments d’explication sur la 5G, l’ultra haut débit mobile, et le marché considérable qu’elle représente.



Huawei menacerait la sécurité nationale
 
« Nous ne prévoyons pas de faire appel à Huawei pour la 5G. Nous travaillons avec nos partenaires traditionnels que ce sont Ericsson et Nokia », a déclaré Stéphane Richard, le dirigeant d’Orange, le 18 décembre. Arguant de risques en matière de sécurité, il ajouta : « Je comprends parfaitement que tous nos pays, ainsi que les autorités françaises, soient préoccupés »
Huawei — déjà mis sur le gril par l’arrestation au Canada et la libération sous caution de sa directrice financière — répond immédiatement : « Il n’y aucune preuve que Huawei menace la sécurité nationale de quelque pays que ce soit. » Le géant chinois des telecoms précise aussi qu’il n’était pas un fournisseur du réseau 4G d’Orange en France et qu’il ne figurerait pas dans les appels d’offres 5G de la société Orange. Il faut savoir cependant qu’il espère participer à la mise en place de la 5G en France avec d’autres opérateurs. Il faut également se souvenir que le fabricant chinois fournit des équipements pour les réseaux d’Orange à l’étranger… Huawei et Orange ont en effet signé en février 2017 un accord de coopération concernant les technologies liées à la 5 G.  Pour Orange, l’idée était de préparer l’évolution du réseau de la 4G à la 5G et collaborer avec Huawei sur des défis technologiques qui rendront possibles les usages futurs de la réalité augmentée et virtuelle. Il s’agit d’améliorer la performance du réseau mobile qui est attendue par les clients d’Europe ou d’Afrique, c’est-à-dire obtenir une très faible latence et un débit plus élevé.

Orange dans les pas de Deutsche Telekom

L’opérateur français suit ainsi l’exemple de Deutsche Telekom, la plus grande entreprise de télécommunication en Europe, qui a déjà décidé de réexaminer sa stratégie d’approvisionnement en Allemagne et dans les autres marchés européens où elle opère, pour les mêmes raisons touchant à la sécurité des équipements de réseau chinois. Ces réticences s’expriment au moment où les Américains scrutent le projet d’acquisition pour 26 milliards de dollars de Sprint (actuellement contrôlé par le Japonais Softbank) par T-Mobile, filiale de l’opérateur allemand. Dans le même temps, d’autres acteurs allemands du secteur des télécommunications, qui souhaitent participer à la vente aux enchères de licences 5G par l’Allemagne début 2019, affirment poursuivre leurs discussions avec les fournisseurs chinois. « Nous suivons le problème de très près, mais nous ne participerons pas à la spéculation actuelle », a ainsi fait savoir Telefonica Deutschland qui entretient des relations avec Huawei mais aussi avec le chinois ZTE (1).   

Un marché colossal
 
Le but de la 5 G est de faire transiter plus de données, et plus vite. Cette technologie de communication mobile cinquième génération (dont le nom officiel est IMT2020) prendra prochainement la suite de la 4 G+ (ou LTE advanced) pour permettre aux appareils mobiles d’échanger des data en grande quantité. Ce réseau plus puissant sera le support de nouveaux services : au total, la 5G pourrait avoir 12 000 milliards d’euros de retombées économiques dans le monde entre 2020 et 2035 et devrait permettre de créer 22 millions d’emplois, selon une étude d’IHS Markit publiée en février 2017. D’ici décembre 2023, un milliard de lignes mobiles 5G seront actives dans le monde selon l’équipementier Ericsson. Les lignes mobiles actives à l’international devraient être 9,1 milliards à cette date, avance le groupe suédois.
Fin février, au Mobile World Congress 2018, le constructeur chinois Huawei avait confirmé ses premiers smartphones en 5G seraient commercialisés au quatrième trimestre 2019. Huawei aurait investi 600 millions de dollars au total dans le développement de la 5G. Le Chinois avait également annoncé la signature d’un accord avec l’opérateur français Bouygues Telecom permettant de conduire des tests 5G dans la ville de Bordeaux, en Gironde.

Des expérimentations pour mettre au point le standard 5G

De telles expérimentations ont lieu malgré l’absence de norme, car les spécifications techniques du futur standard de communication n’ont pas été fixées par le 3GPP (third generation partnership project), l’organisation internationale chargée de standardiser les technologies de télécommunication. Les tests serviront à la définition du futur standard. Grâce à un standard 5G temporaire, les spécialistes de l’électronique et les telcos pourront rendre leurs appareils compatibles avec la future 5G. En attendant le déploiement des infrastructures 5G (antennes, cœurs de réseau, logiciels…), les spécifications techniques définitives sont attendues pour 2019.
En France les services 5G devraient apparaître d’ici 2020. Les opérateurs se préparent pour déployer à temps leur réseau 5 G. Ne voulant pas prendre de retard en matière de 5G, le gouvernement a autorisé des expérimentations pour un déploiement commercial dans au moins une grande ville dès 2020. Cinq ans plus tard, cela devrait être le tour des principaux axes de transports. L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) encourage l’expansion de la 5G « parce qu’elle représente un enjeu majeur de compétitivité pour notre industrie, nos infrastructures et nos territoires ».

Des risques pour la santé ?

Oui, mais… la 5G fait naître des craintes sur ses effets potentiellement néfastes pour la santé. « La 5G augmentera l’exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquence » ont prévenu, en septembre 2017, plus de 170 scientifiques dans un moratoire commun (2).
Cette technologie nécessitera des fréquences toujours plus élevées, et donc potentiellement plus néfastes pour l’organisme. De plus, il faudra davantage d’antennes relais émettant des ondes électromagnétiques encore plus puissantes. Or, ces ondes pourraient avoir des conséquences dommageables pour l’organisme : risque de cancer, de stress cellulaire, d’augmentation des radicaux libres nocifs, de dommage génétique et du système reproducteur, de déficits d’apprentissage et de mémoire, de troubles neurologiques.... Les experts s’appuient sur l’étude du National Toxicology Program américain, la plus vaste étude disponible sur le sujet.
 
Il n’en reste pas moins que Huawei est encore à ce jour le premier équipementier réseau et télécom au monde, ainsi que le second fabricant de smartphones. La société devrait dépasser les 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires cette année. Soit une progression des 8,7 % par rapport à 2017 (3).
 
(1) https://www.channelnews.fr/orange-et-deutsche-tlekom-excluent-huawei-de-leurs-reseaux-5g-86056
(2) https://www.alerte.ch/images/stories/documents/info/170909_Scientist_5G_appeal.pdf
(3) https://www.zdnet.fr/actualites/huawei-n-equipera-pas-la-5g-d-orange-en-france-39878255.htm
 



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