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La Chine confirme son statut de locomotive de l'Asie, pour le meilleur et pour le pire




Publié par Solaine Legault le 17 Janvier 2013

À la veille du Forum de Vladivostok, le Conseil de coopération économique du Pacifique publiait un rapport inquiétant sur la situation économique de la Chine. Le pays accuse un recul important de son économie au deuxième trimestre, et ses performances manufacturières inquiètent bon nombre de dirigeants d'entreprises. Ces derniers, tout comme les économistes, savent que la Chine est le moteur de croissance de la région Asie-Pacifique, et que son ralentissement risque d'entrainer toute la région dans une situation difficile.



La Chine confirme son statut de locomotive de l'Asie, pour le meilleur et pour le pire
La Chine va traverser une période délicate

La deuxième économie du  monde est en perte de vitesse depuis 2010, et les autorités chinoises, qui savent que la fin de l'hyper croissance est proche, ont anticipé une dégradation des activités économiques. Cependant, la contraction de l'économie chinoise au deuxième trimestre témoigne d'un ralentissement prématuré, ce qui inquiète tous les pays de la région Asie-Pacifique. Une inquiétude renforcée par les propos du premier ministre chinois Wen Jiabao, qui déclarait récemment que la Chine allait connaitre une période très difficile dans les mois à venir. Wen Jiabao a pris soin de modérer sa déclaration en rappelant que les mesures de stabilisation adoptées depuis quelques mois fonctionnent. Il précise que le taux de croissance reste dans la fourchette des objectifs du gouvernement. Wen Jiabao a ainsi expliqué que les difficultés que le pays s’apprête à surmonter seront le seul résultat du rebond économique, qui ne s'est pas encore stabilisé. Il n'y a donc aucune raison de s'alarmer pour le moment, mais il faut que les entreprises se préparent à une période maussade. Pour les soutenir, les réserves obligatoires des banques ont encore été réduites, et les taux d’intérêt ont été revus à la baisse.

Le point sur la situation économique de la Chine

L'activité manufacturière, est un indicateur de croissance dès plus révélateurs. Aussi, l'indice PMI, qui mesure le dynamisme de l'activité manufacturière, s'est fortement contracté en Chine. En juillet dernier cet indice était de 49,3, et a chuté à 47,6 au mois d'août. Une contraction record qui témoigne d'une dégradation importante de toutes les opérations manufacturières chinoises, et qui laisse présager un recul économique important dans les prochains mois. Rappelons que l'indice PMI, lorsqu'il est supérieur à 50, exprime une augmentation d'activité, et qu'en dessous de 50, il témoigne d'un fléchissement. La Chine accusait donc déjà, en juillet dernier, un recul de ses activités manufacturières, et la chute de l'indice PMI au mois d'août, confirme l’accélération de la tendance baissière. Il faut savoir que l'indice PMI de 47,6 est le plus bas jamais enregistré depuis plus de 3 ans révélant ainsi des détériorations d’envergure systémique, et un risque potentiel de récession. Certes la croissance chinoise demeure forte, mais en termes de performance, la Chine est en chute libre. Un manque de dynamisme flagrant au regard du produit intérieur brut, qui n'a cru que de 7,6 % au deuxième trimestre. Ce taux de croissance est le plus bas enregistré depuis trois ans. Le gouvernement a bien tenté de compenser ce manque de performance, mais les mesures prises semblent inefficaces. Bon nombre de PME sont dans la zone rouge, et même les grands groupes sont aujourd'hui en difficulté.

Des signes de faiblesse qui inquiètent toute l'Asie

Malgré le ralentissement de son économie, la Chine demeure le moteur de la croissance des pays d'Asie Pacifique. Le pays du soleil levant tire toute la région vers le haut depuis de nombreuses années, et son ralentissement affectera inévitablement les autres pays d’Asie. Ces derniers prennent les difficultés de la Chine plus au sérieux que la crise européenne, qui les affecte dans de moindres mesures. Rappelons que la région Asie-Pacifique représente 35 % de la production économique mondiale, et que si son moteur, la Chine, tombe en panne, les pays de cette région seront les premiers à en subir les conséquences. Le Conseil de coopération économique du Pacifique, qui a réalisé une étude auprès de certains dirigeants de la région, explique que la majorité d'entre eux se préparent déjà aux conséquences du ralentissement de l'économie chinoise. Ces dirigeants tablent sur une dégradation croissante durant les douze prochains mois, et ont visiblement entendu l’avertissement du premier ministre chinois sur les difficultés à venir. Pourtant, Wen Jiabao s’adressait avant tout aux entreprises chinoises. Ce qui reflète le rôle prépondérant de la Chine dans la région Asie-Pacifique, et la dépendance des pays de cette région. Une dépendance qui n’était pas si importante il y’a dix ans, mais qui aujourd’hui, menace la stabilité économique et la croissance de toute l’Asie.

La crise européenne touche finalement la Chine

Le pays du soleil levant avait jusqu’alors, bien résisté à la crise européenne. La Chine est toujours la championne des IDE, et les échanges commerciaux n’ont pas été suffisamment affectés pour compromettre la croissance du pays. Du moins, jusqu‘au deuxième trimestre 2012, car la Chine connait depuis, un ralentissement de ses exportations vers l’Europe. Il y a un an, ces dernières affichaient encore une croissance de 20 %, alors qu’au deuxième trimestre de cette année, la croissance des exportations n’était que de 1 %. Un ralentissement considérable, essentiellement dû à la crise européenne, et au recul de la consommation dans les pays membres de l’Union. Une consommation qui s’effondre également aux États-Unis, et qui influe de la même manière sur l’économie chinoise. Toutefois, le Bureau national des Statistiques publiait en novembre dernier, un indice PMI supérieur à 50. Le recul économique des mois de juillet et août dernier pourrait donc être la seule conséquence d’un effet de rebond, comme l’expliquait le premier ministre chinois, et non le reflet d'une tendance baissière. De son côté, HSBC a publié un indice PMI en novembre, toujours en dessous de 50, mais en nette hausse, par rapport aux mois de juillet et août. La situation économique de la Chine pourrait donc s’améliorer prochainement, malgré la mise en garde du premier ministre chinois, sur les futurs effets de rebond.



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