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La France va-t-elle remporter la première véritable victoire dans la guerre contre le terrorisme islamiste ?




Publié par Pierre-Marie Meunier le 3 Mars 2013

Les combats en cours dans le massif des Ifoghas tournent sans conteste à l'avantage des forces françaises et africaines impliquées dans de violents combats. La neutralisation de ce sanctuaire d'AQMI et l'élimination de plusieurs chefs de ce mouvement pourraient constituer la première véritable victoire d'une armée occidentale contre le terrorisme islamiste.



Patrouille française dans le Nord-est du Mali (source : MINDEF/EMA)
Patrouille française dans le Nord-est du Mali (source : MINDEF/EMA)

La partie n’est pas terminée, loin de là, mais aux dires des principaux acteurs du conflit malien, les choses sont en train de connaitre un tournant majeur. Sans que l’on sache encore si cela est vrai ou non, les forces françaises et tchadiennes pourraient avoir tué deux des plus importants chefs d’AQMI en l’espace d’une semaine. Si cela s’avérait exact, cela porterait un coup très rude au mouvement et à ses ramifications, généralement organisées autour de la personne très charismatique du chef.
 
Avec des moyens matériels sans commune mesure avec ceux dont disposaient les Américains en Irak ou l’OTAN en Afghanistan, la France est peut être sur le point de remporter la première victoire décisive contre la mouvance djihadiste. Contrairement aux conflits afghan et irakien, les combattants islamistes n’ont pu se fondre dans la population, car celle–ci les a massivement rejetée. Cet échec les a conduit à des actions d’escarmouche, fondées sur des attentats aveugles à Gao et ailleurs. Difficile de croire que cela les rendra plus acceptables auprès d’une population qui est la principale victime de ces meurtres aveugles et prémédités. Ceux qui n’ont pu rester clandestinement, dans le centre du Mali, se sont réfugiés dans leur zone sanctuaire, qu’ils pensaient certainement inexpugnable il y a encore quelques semaines. Concentrés dans une zone réduite de quelques centaines de km2, très faiblement peuplée, ils sont actuellement sous le feu des forces françaises, tchadiennes et dans une moindre mesure maliennes, opérant en coordination. L’occasion est enfin donnée de les affronter lors d’un combat conventionnel, dans lequel peuvent s’exprimer toutes les qualités du soldat français et de ses armes. Ces occasions sont d’ordinaire extrêmement rares et les combats très brefs. Ce qui est nouveau, voire unique, c’est que dans ce massif des Adrar des Ifoghas, les combats sont violents et durent depuis plusieurs jours. A l’exception de quelques pick-up qui se sont échappés dans le désert, les combattants islamistes restent sur place et se battent ou défendent quelque chose. Difficile de savoir si c’est par désespoir ou parce que nous approchons de leurs intérêts vitaux. D’une manière ou d’une autre, nous avons touché un centre de gravité ennemi, qu’il s’agisse de la défense de ses chefs, ou de la possession des otages. Quoiqu’il en soit, le potentiel militaire d’AQMI et des groupes islamistes liés vient de prendre des coups décisifs. Il n’est jamais neutre de perdre plusieurs dizaines ou une centaine de combattants, lorsque le mouvement n’en compte plus justement que quelques centaines, voire peut-être un millier, surtout si parmi les morts se trouvent les leaders.
 
Nous ne tuerons pas tous les membres de ces mouvements, car leur capacité à se fondre dans la population en cas de déroute est évidente : il leur suffit de jeter leurs armes. Mais nous tenons là une occasion unique de réduire au silence ces mouvements pour des années, un temps peut-être suffisant pour permettre de remettre sur pieds une véritable armée malienne. La nébuleuse Al-Qaeda s’est construite sur le prestige des attentats du 11 septembre : la France a actuellement l’occasion d’infliger un sévère accroc à ce prestige en infligeant une défaite rapide à sa branche la plus active dans son combat contre l’Occident. Il y a là une véritable opportunité stratégique à saisir. Et si cela se réalisait, il ne serait pas choquant de voir inscrire Adrar des Ifoghas sur les drapeaux et étendards des unités engagées. Car un troisième soldat français vient de tomber pour la France dans cette bataille : le caporal Cédric Charenton du 1er RCP de Pamiers. Qu’il repose en paix. Rendons hommage à son sacrifice en allant au bout de ce combat, et en le transformant en victoire décisive. Et si cela signifie poursuivre nos opérations dans la durée, n’ayons pas peur de rester pour traquer et neutraliser ceux qui nous voient comme l’ennemi à abattre par tous les moyens.
 


VBCI lors des combats de Gao  (source : ECPAD)
VBCI lors des combats de Gao (source : ECPAD)



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